Intervention de Jean-Claude Jacq

Réunion du 3 juin 2015 à 16h30
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Jean-Claude Jacq, secrétaire général de la Fondation Alliance Française :

Le désengagement de l'État a eu des effets positifs et négatifs. Dans la mesure où les subventions ont diminué, les Alliances ont dû arithmétiquement augmenter leur autofinancement, lequel est passé en dix ans de 75 % à 96 %, ce qui les a contraintes à rechercher de nouvelles ressources, par le biais de partenariats, de levées de fonds, d'un développement de leur offre de cours ou d'une diversification des services et produits proposés. Dans le même temps, dans un contexte de concurrence accrue dans l'enseignement des langues, les Alliances ont besoin de conforter leur légitimité par rapport aux cours de langues privés, ce à quoi contribue grandement la présence à leur tête de personnels détachés, qui incarnent la culture française, valident la qualité de l'enseignement et nous permettent de surcroît de faire le lien entre les ambassades et les conseils d'administration soucieux de leur indépendance.

Nous avons par exemple constaté qu'aux États-Unis, les Alliances dans lesquelles ces postes ont été supprimés ont eu tendance à décliner. Plus globalement, et de manière très schématique car il y a des exceptions, on pourrait répartir les Alliances françaises en trois tiers : la première catégorie, composée des Alliances les plus importantes, gérées par du personnel détaché, qui sont en général celles qui fonctionnent le mieux ; la seconde, composées d'Alliances qui ne disposent pas de ce personnel et fonctionnent de manière autonome avec une activité de moindre ampleur mais significative ; la troisième enfin, composée de petites Alliances dans lesquelles l'activité d'enseignement est quasi inexistante et qui s'apparentent d'avantage à des clubs ou à des cercles d'amitié.

Je conçois que l'on soit tenté de supprimer des postes de directeurs expatriés, mais l'idée parfois évoquée d'une suppression systématique perturberait inéluctablement la coordination du réseau et compliquerait le rôle de la Fondation, qui consiste à veiller à ce que les Alliances oeuvrent dans le sens défini par l'État pour notre politique culturelle extérieure. Il y a donc un équilibre à trouver pour préserver la légitimité et le dynamisme du réseau, et il ne serait pas raisonnable de descendre en deçà du ratio actuel. Le relativement peu qu'apporte l'État français est précieux.

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