Intervention de Philippe Le Ray

Réunion du 2 juillet 2015 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Le Ray, rapporteur :

L'hôtellerie est un secteur fragilisé, qui doit se développer et diversifier son offre d'hébergement. Le nouveau classement, créant notamment la cinquième étoile, est entré en vigueur en décembre 2009 ; il traduit la nécessité d'adapter le parc aux exigences de la clientèle. Le chiffre d'affaires a progressé de près de 3 % en 2013 pour atteindre 197,9 millions d'euros, mais le nombre de lits stagne, alors qu'il a augmenté de 100 000 en Espagne. La place des indépendants recule au profit des chaînes, qui sont passées de 41,2 % du parc en 2010 à 42,1 % en 2014.

Preuve de la préoccupation des pouvoirs publics, l'ordonnance du 26 mars 2015 allonge les délais de réalisation des diagnostics et études techniques obligatoires. Cette action de simplification doit se poursuivre dans le sens préconisé par le Conseil de promotion du tourisme, singulièrement pour ce qui est de l'accessibilité. L'hôtellerie devrait être concernée aussi par les mesures que suggère le CPT pour drainer l'épargne vers l'économie touristique.

Par ailleurs, le référencement auprès des centrales de réservation en ligne, pour indispensable qu'il soit, ne doit pas aboutir à une captation de la valeur ajoutée ni à priver les hôteliers de toute politique commerciale. Le rééquilibrage amorcé par les recours introduits auprès de l'Autorité de la concurrence, qui ont poussé la société Booking à étendre les engagements qu'elle a pris à l'ensemble de l'Europe, doit être poursuivi, notamment en favorisant la concurrence entre plateformes de réservation en ligne. À cet égard, la décision de groupe Accor d'ouvrir sa plateforme aux indépendants va dans le bon sens. Introduit dans le projet de loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances, le contrat de mandat pourra également contribuer à rendre aux hôteliers des marges de manoeuvre commerciales.

Les résidences de tourisme affichent une bonne santé globale, mais si les implantations urbaines ont le vent en poupe, celles qui ont fait les beaux jours des stations touristiques végètent. Souvent construites dans les années 1970, mal isolées, ne répondant plus au goût des vacanciers, elles développent le syndrome des « lits froids » alors même que l'équipement hôtelier est lui-même inadéquat – c'est l'exemple que donne la Grande Motte. Les avantages fiscaux ont trop favorisé la construction au détriment de la rénovation. Nous proposons la création d'un fonds d'investissement qui serait de nature à favoriser la rénovation du parc immobilier des résidences de tourisme.

Les nouveaux modes d'hébergement consistant à loger chez l'habitant en présence ou non de ce dernier, popularisés par le succès d'Airbnb, constituent une offre d'appoint nécessaire dans les zones où l'offre classique ne suffit pas, notamment en cas d'événement sportif ; le nombre annuel d'annonces est de 100 000 environ, principalement à Paris. Cependant, ils ne doivent pas fausser la concurrence des hébergements classiques, assujettis à des réglementations rigoureuses ; s'agissant de la taxe de séjour, la loi de finances pour 2015 a créé un barème spécifique pour les meublés de tourisme, à la bonne application duquel les autorités doivent veiller.

L'hébergement de plein air a été le seul à ne pas souffrir au cours de l'année 2014, et séduit de plus en plus de Français (+ 1,4 %), mais moins d'Européens, parmi lesquels les plus nombreux sont les Néerlandais. La France, forte de ses 8 200 établissements et de ses 910 000 emplacements, doit consolider sa position et convertir de nouvelles nationalités européennes à ce mode de vacances convivial.

Autre activité digne d'intérêt : la pratique du camping-car. La France compte 405 400 de ces véhicules, dont la moitié des propriétaires sont retraités ; ces touristes itinérants fréquentent principalement le littoral et les territoires ruraux. Cependant, notre pays n'offre que 5 400 aires de services et de stationnement, ce qui est très insuffisant. Nous préconisons donc une réglementation des aires d'étape pour répondre aux besoins par le biais d'une adaptation des documents d'urbanisme.

Les investisseurs privés s'intéressent au domaine des hébergements destinés aux jeunes, où régnait jusqu'alors sans partage la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ). Celle-ci est aujourd'hui concurrencée par des opérateurs européens, comme on peut le constater à Paris sur les rives du canal Saint Martin. Il faut intensifier l'hébergement touristique en faveur des jeunes pour ne pas en faire les oubliés des politiques touristiques, car cette forme d'hébergement constitue une belle façon de les fidéliser pour les années à venir.

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