Intervention de Charles Edelstenne

Réunion du 4 décembre 2012 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Charles Edelstenne, président de Dassault Aviation et de Dassault Systèmes :

Les négociations avec l'Inde, pays où nos premières ventes remontent à 1953 et auquel nous avons pratiquement vendu toutes les générations d'avions, se passent bien. La volonté d'aboutir est présente et nos équipes sont mobilisées pour finaliser avec les autorités indiennes ce contrat.

La dernière version du Rafale est équipée d'une antenne active qui lui donne des capacités beaucoup plus importantes. Il s'agit du premier avion européen à disposer de cet atout majeur.

Pour ce qui est des dangers qui menacent la défense française, je ne sais pas plus que vous si les capacités budgétaires permettront de maintenir l'outil industriel performant dont nous disposons. Seules les décisions politiques prises à la suite de l'élaboration du Livre blanc permettront d'évaluer d'éventuels dangers. Nous avons déjà désamorcé deux équipes de spécialistes depuis le mois de juillet : si le standard F3-R n'est pas lancé pour le Rafale, ces ingénieurs seront affectés à des projets civils et ne voudront jamais plus revenir vers des programmes militaires, beaucoup plus incertains pour le déroulement de leur carrière.

Les crédits d'études figurant au budget présenté par le ministre sont de 750 millions d'euros, ce qui n'est pas mal par rapport au budget précédent, mais ces crédits sont inférieurs de 50 % à ce qu'ils représentaient en 1995.

Le dérapage est la remise en cause des spécifications techniques, des délais ou du prix prévus dans le contrat – les trois vont généralement de pair.

Pour ce qui est de mon départ, il est programmé pour le 9 janvier 2013. Le nom de mon successeur sera connu dans les prochains jours.

Dans tous les nouveaux marchés d'export, l'offset est une condition indispensable pour pouvoir présenter des offres. Le marché qui devrait se conclure avec l'Inde comportera donc bien évidemment des offsets.

Les transferts de savoir-faire et de technologies ne posent pas de problèmes dans certains pays qui, comme l'Inde et le Brésil, ont de très gros besoins immédiats et achèteront aujourd'hui des avions dont les derniers seront livrés dans sept ou huit ans et qui resteront en service dans leurs forces pendant 35 ou 40 ans. Il n'y a pas de concurrence à craindre à court terme de ces pays. Si donc le Brésil choisissait de s'équiper de Rafale, une commande de 130 avions nous mènerait à l'horizon d'un demi-siècle : nous aurons d'ici-là fait des progrès technologiques pour la future génération d'avions.

Quant à la cinquième tranche, la suite est entre les mains des politiques – peut-être aurez-vous, madame la présidente, une réponse à cette question.

À propos du financement du nEUROn, je rappelle que nulle part on n'autofinance des développements militaires et que le financement par Dassault de 25 % du développement du Rafale fait en la matière figure d'exception. Il n'est donc pas question d'autofinancer le programme de recherche sur le nEUROn, qui est d'abord un démonstrateur technologique qui n'a pas de débouché civil à terme sur lequel nous pourrions récupérer cet investissement.

Le coût du programme nEUROn est de 400 millions d'euros, dont 50 % ont été financés par la France : nous disposons donc, pour 200 millions d'euros, du premier avion de combat de ce type en Europe, dont le premier vol a démontré qu'il était d'un niveau équivalent à celui d'un programme qui aurait coûté plusieurs milliards s'il avait été développé aux États-Unis.

Pour la suite, les accords de Lancaster House prévoient le développement d'un avion de combat – un UCAV – avec le Royaume-Uni. La pré-étude est lancée et peut-être les 750 millions d'euros de crédits d'études permettront-ils de dégager des moyens pour financer un nEUROn II. Le programme franco-britannique reposera sur notre expérience du nEUROn et sur l'expérience britannique du TARANIS.

En entrant au capital de Thales et en découvrant l'entreprise de l'intérieur, nous avons eu quelques surprises, notamment des pertes pour un montant de près de 2,5 milliards d'euros. Sous notre impulsion, le président de cette société en a rétabli l'organisation. Les pertes sont absorbées et les programmes sont désormais rentables. Les marchés arrivent et les prises de commandes sont, malgré la crise, du niveau des années antérieures, ce qui est un exploit. Les résultats de 2011 ont été positifs, avec une marge de 5 %. La marge de 6 % annoncée aux marchés financiers pour l'année 2012 devrait être tenue.

Ni le projet de fusion entre EADS et BAE, ni son échec ne m'ont inspiré inquiétude ou satisfaction : je suis resté totalement neutre dans cette affaire, car notre seul point de friction concerne les avions de combat et le rapprochement entre les deux entités n'aurait rien changé au coût ni aux performances de l'Eurofighter, sur lequel elles collaborent déjà. Tom Enders m'a du reste donné acte de ma neutralité à ce projet.

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