Je ne critiquerai pas le crédit d'impôt, qui est plutôt une bonne mesure, mais je souhaite rappeler le drame que vit le secteur agroalimentaire. La coopération agricole, en particulier, a su s'organiser en filières, mais le coût du travail est beaucoup trop élevé. Le problème qui se pose n'est ni celui du seuil du crédit d'impôt ni même celui du recours à ce type de mécanisme : il est d'une autre ampleur. Tandis que nous payons un salarié français 22 euros de l'heure, charges comprises, nos concurrents allemands paient un Roumain, un Ukrainien ou un Balte, 7 euros de l'heure – 80 % de la valeur ajoutée de notre entreprise sert à rémunérer la masse salariale. Si nous n'avançons pas sur la question d'une Europe sociale, nous serons incapables de maintenir les emplois de la filière agroalimentaire française.
Nous menons des stratégies de diversification et de différenciation. Cooperl est leader du bio en France et le porc bio représente 0,5 % de notre production. Les marchés agroalimentaires sont essentiellement des marchés de volume-prix. Lors d'un entretien avec l'un des conseillers de Dacian Ciolos, Commissaire européen chargé de l'agriculture, qui réfléchit à la prochaine politique agricole commune en cours de négociation, j'ai insisté sur la priorité absolue que constitue pour l'Europe le fait d'assurer des conditions convergentes pour les industries agroalimentaires. Ce conseiller m'a répondu que l'Europe n'avait pas vocation à traiter de l'harmonisation sociale. Or, ce problème urgent ne sera pas réglé par le crédit d'impôt !