Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, madame la rapporteure, chers collègues, c’est bien entendu un sujet de toute première importance qui nous réunit ce soir. Tout ce qui peut contribuer à pousser nos concitoyens vers les urnes part d’un bon sentiment. Les dispositions pour faciliter et clarifier la procédure vont dans ce sens. Je ne peux que m’en réjouir.
Hélas, le problème est beaucoup plus profond. Il est en partie dû à ce changement de monde auquel nous assistons depuis une trentaine d’années, changement de monde comme il y en eut d’autres sous notre ère. Chaque fois que le monde a bougé, lorsque Magellan et ses compagnons ont retrouvé les Indes et les Amériques par exemple, les royaumes de l’époque s’en sont trouvés complètement bouleversés. Bien sûr, l’argent de la spéculation a pris le pouvoir. Lorsque, à l’orée du XXe siècle, ceux qui ont vu ces trains qui s’étiraient à perte de vue jusqu’aux fonds des Amériques et des Europes, ces étranges volatiles en acier, ce liquide de la couleur indéfinissable de toutes les sous-couches du sol, ceux-là ont pensé qu’il n’y aurait jamais autant de profit à faire, que les luttes de pouvoir allaient atteindre un niveau jamais égalé dans l’Histoire. Ils ne se sont pas trompés, cela a donné les deux tragédies du XXe siècle.
Nous sommes à présent dans le troisième mouvement de mondialisation avec, notamment, Internet. Jamais autant d’informations n’ont été portées à notre connaissance et jamais il n’a été aussi difficile de dire bonjour à son voisin. C’est à ces éléments qui touchent à l’humain aujourd’hui, que nos concitoyens sont attentifs.
Je ne nous trouve pas, ni les uns, ni les autres, très inspirés. J’espère que cela viendra, et, de tout coeur, avant qu’il ne soit pas trop tard. Tous les éléments, de quelque côté que l’on appréhende notre France chérie, en témoignent : il est déjà très tard.
Je crois que lors des prochaines élections régionales, des records d’abstention seront une nouvelle fois battus, et ce malgré les facilités que vous apportez, madame la secrétaire d’État – même si vous n’y êtes pour rien. Et pour cause : nos compatriotes n’ont tout simplement pas envie de voter ! À moins que je ne rencontre que les plus récalcitrants… Il n’y a plus ni élan ni envie.
En dépit de toute la sympathie que je porte au député et à l’homme, je le dis à M. de Rugy : je suis en désaccord total avec lui – mais cette maison n’est-elle pas faite pour exprimer des désaccords ? Pour moi, en effet, le vote obligatoire serait le niveau zéro de la démocratie.
Si l’on m’imposait l’obligation d’aller voter, je suis si attaché à l’expression du vote au suffrage universel que je n’irais pas.