La France est en décalage par rapport aux autres pays, quel que soit leur modèle. Il y a, dans le modèle français actuel, toujours plus de dépenses publiques qu’ailleurs, et cela tire notre pays vers le bas.
Si la politique économique que vous menez était si vertueuse et si efficace, nous n’en serions pas là. Au fond, cette politique si vertueuse, si efficace et si parfaite aboutit, comme Gilles Carrez l’a très bien dit, à une croissance tout à fait infime. Si les déficits prennent l’escalier dans le sens de la descente, le chômage prend quant à lui l’ascenseur dans le sens de la montée. Il y a une contradiction complète entre la politique économique conduite, laquelle est censée relancer la croissance française, et les résultats obtenus.
Cette politique économique si vertueuse conduit à des déficits bloqués à 4 % depuis presque trois exercices – on flirtera encore avec les 4 % en 2015. Elle aboutit également à un endettement vertigineux qui augmente chaque jour en proportion du PIB. Quand on se regarde, on s’inquiète, mais quand on se compare, on s’inquiète encore plus, car les autres pays font nettement mieux que nous, que ce soit en termes de croissance ou de rapidité de baisse de leur déficit. Quant à l’indicateur aujourd’hui majeur qu’est le chômage, ils font également mieux que nous, mais il est assurément difficile de faire pire.
Certaines décisions vont dans le bon sens. Je ne remets pas en cause l’idée de baisser les dépenses, mais la baisse des charges des entreprises compense à peine, si ce n’est pas du tout, les augmentations de prélèvements obligatoires subies ces dernières années. Les baisses des dépenses, notamment sur le budget 2014, ont souvent été un effet d’optique. La Cour des comptes l’a d’ailleurs dit sans ambages, en soulignant des phénomènes de débudgétisation – je pense aux emplois d’avenir – et de report qui rendaient assez peu véridiques les volumes de baisse des dépenses que vous donniez.
La faute en revient à une vision comptable de la baisse de la dépense publique, quand il faudrait une approche globale. Ce n’est pas au ministre du budget de la définir, mais au Président de la République et au Premier ministre. Il leur revient de dire quelles sont les réformes qui sous-tendent cet effort sur la dépense et à quoi elles servent. Or, il n’en est rien. Nous bénéficions de facteurs extérieurs favorables, comme Gilles Carrez ou Hervé Mariton l’ont dit : la baisse des taux d’intérêt, des mesures ponctuelles de gel de la dépense publique ou le prix du pétrole. L’évolution du volume de la dépense publique n’est donc aucunement liée aux efforts supposés.