« Comment améliorer l'accueil des étudiants étrangers ? », demandez-vous, Monsieur Bui. Malgré les efforts déployés par Campus France, nous sommes en retard sur certains pays qui ont développé de véritables stratégies. La Pologne et la Chine ont créé une agence de promotion de l'enseignement supérieur à l'international. Singapour, le Qatar et la Malaisie souhaitent devenir des plateformes régionales. La Chine, l'Inde, la Corée du Sud, l'Allemagne et l'Arabie Saoudite facilitent cette mobilité internationale et montent en puissance.
Pour mesurer les progrès qui nous restent à faire, prenons l'exemple du Québec, territoire francophone. Les étudiants français qui souhaitent intégrer une université québécoise ont accès, via des numéros de téléphone dédiés, à des interlocuteurs qui les guident dans leurs démarches d'inscription et de recherche de logement, et qui leur fournissent toutes sortes d'informations utiles. Une fois arrivé à Montréal, l'étudiant est accueilli dès l'aéroport par une personne de l'université où il s'est inscrit. Pour le moment, nous ne savons pas faire ce genre de choses. D'où l'idée de cette mission de réflexion évoquée tout à l'heure avec Jean-Pierre Dufau.
Améliorer l'accueil des étudiants étrangers peut consister, par exemple, à leur délivrer un titre de séjour bien avant leur arrivée sur le territoire national. Si leur parcours administratif était bouclé dès le mois de mars, ils pourraient se consacrer plus tôt à la recherche d'un logement. Actuellement, certains obtiennent leurs papiers en juin ou juillet, peinent à trouver un logement quelle que soit la ville universitaire, arrivent un mois ou deux après le début des cours et finissent par redoubler, ce qui pose des problèmes de renouvellement du titre. Pour remédier à ce genre de situation et parvenir à une délivrance plus rapide des titres, les services des deux ministères concernés – celui des affaires étrangères et celui de l'intérieur – doivent continuer à renforcer leur concertation.
Nous devons aussi mener une réflexion sur le logement des étudiants étrangers, l'un des points qui suscitent le plus de remarques négatives : l'offre est insuffisante et le coût est assez désespérant, pas seulement à Paris où les loyers atteignent des sommets. Il y a aussi beaucoup à faire pour améliorer la circulation de l'information entre l'État et les collectivités locales qui accueillent de nombreux étudiants. Quand j'étais élu à Toulouse, deuxième ville étudiante de France, j'ai souvent constaté que personne n'était informé des initiatives prises au plus près du terrain ; de même, certaines actions menées au plan national n'avaient pas forcément de traductions locales.
Soulignons qu'en cette matière aussi, il existe un certain déséquilibre entre les universités et les grandes écoles. Ces dernières travaillent avec leurs réseaux, elles ont des capacités d'accueil et des facilités dont ne disposent pas forcément les universités.
Avant de partir, M. Mariani a rappelé quelques réalités avec beaucoup de sincérité. Le projet de loi répond en partie à ses préoccupations, notamment grâce aux dispositions concernant la généralisation de la carte pluriannuelle, le « passeport talent » ou les mesures destinées aux étudiants étrangers. Ces derniers bénéficieront de la carte pluriannuelle dite « générale » alors qu'ils n'ont actuellement accès à un titre pluriannuel qu'à partir du niveau master.
Jean-Louis Destans m'a interrogé sur l'articulation entre les différentes structures concernées par la gestion des demandes de tous ces étudiants. Tout dépendra des messages transmis par les ministères, et des décrets et circulaires d'application. Pour l'heure, je ne peux pas répondre de manière plus précise.