La Commission de la défense a auditionné hier le ministre Jean-Yves Le Drian au sujet des interventions de nos forces armées sur les théâtres extérieurs ; l'Europe, a-t-il annoncé, a très récemment pris la décision d'équiper les forces que nous formons et entraînons, dans la zone du Sahel, dans le cadre d'un programme nommé Train and Equip. Il a par ailleurs été décidé de financer des programmes de recherche en matière de défense, ce qui est symboliquement très fort – l'Europe s'interdisait jusqu'à présent de le faire.
Depuis que je suis parlementaire, je n'ai jamais connu une telle intensité des questions européennes. Nos partenaires européens demandent à nous rencontrer pour comprendre comment la France est capable d'intervenir au Sahel ou en Afrique subsaharienne et chaque fois qu'une opération est décidée par l'Union européenne ou par l'OTAN. La France a toujours souhaité conserver une expertise des situations internationales indépendante ainsi qu'une capacité d'intervention en premier si nécessaire.
Si nous voulons que la diplomatie européenne soit couronnée de succès, nous devons maintenir des capacités de défense qui nous permettent d'assurer une forme de dissuasion collective. Ces idées commencent à pénétrer dans certaines nations : treize pays sont en train d'augmenter leurs budgets de la défense. De même, les actions d'entraînement en commun de nos armées se passent bien.
Avec plusieurs collègues, nous sommes allés à la rencontre de la brigade franco-allemande, qui n'a jamais été utilisée à ce jour, en tant que telle, par l'Allemagne ou la France. Nous travaillerons sur le sujet, car ce ne sont pas les capacités d'intervention de cette brigade qui sont en cause, mais la volonté politique, alors que nous avons peut-être là les prémisses d'une volonté européenne d'intervention conjointe.
Je présente maintenant nos intervenants : le vice-amiral Charles-Édouard de Coriolis, représentant militaire permanent de la France auprès de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne ; M. Arnaud Danjean, membre du Parlement européen ; Mme Nicole Gnesotto, professeure titulaire de la chaire sur l'Union européenne au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), vice-présidente du think tank Notre Europe et présidente du conseil d'administration de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), première femme à assumer cette responsabilité ; M. Thierry Tardy, analyste senior à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (IESUE) et enseignant à la Sorbonne.