Le pessimisme ambiant vire au fatalisme. L'Europe, sur ces questions militaires, s'attaque aux conséquences et non aux causes. Les opinions publiques – qui acceptent parfois mal que l'Europe soit trop présente, voire envahissante, sur de nombreux sujets – sont effrayées car plus la menace est forte, plus l'Europe se dérobe, alors même que le traité de Lisbonne nous offre tous les outils. Comme l'ont dit nos deux collègues, c'est une question de volonté politique.
Le Parlement européen est-il capable de mobiliser les opinions publiques, face à une forme de couardise des nations, qui, sur les questions de sécurité comme sur celles de l'emploi, restent dans le divertissement au sens étymologique du terme, c'est-à-dire dans ce qui permet de détourner l'attention des citoyens de l'essentiel ? Or nos concitoyens sont parfaitement conscients que le terrorisme concerne tous les pays européens.
Nous sommes plus de cinquante parlementaires, de toutes opinions politiques, à avoir signé une proposition de résolution. Plus encore que l'Irak, la Libye me préoccupe, avec un gouvernement à Tobrouk, reconnu, et un autre à Tripoli, islamiste. Nous savons parfaitement que nous avons un ennemi commun : Daesh. Que fait l'Europe sur le plan de la défense, mais également de la diplomatie ? Le jour où les bateaux qui abordent notre continent seront remplis non plus de migrants en fuite mais de gens entraînés et résolus à nous détruire de l'intérieur, il sera trop tard pour pleurer. Nous vivons un moment extrêmement préoccupant et il devient urgent de changer de paradigme.
Le rôle des parlementaires est de mobiliser les opinions publiques ; les débats de spécialistes, c'était bon dans le passé. Il faut tout simplement dire la vérité, même si elle fait peur : la sécurité extérieure et la sécurité intérieure sont totalement mêlées. Il faut plus d'Europe, je le crois, mais pas se contenter de respecter des règles qui nous rendent impuissants depuis tant d'années. Il ne s'agit pas de montrer du doigt ceux qui ont peu de moyens, car ils doivent au contraire être valorisés, mais ceux qui peuvent et ne veulent pas. Et ceux-là, il faut les mettre face à leurs opinions publiques, qui doivent connaître la vérité.