Je ne suis pas très étonné du constat dressé par les experts qui se sont exprimés, même s'il est affligeant. Pour les Français, il en est de l'Europe de la défense comme de l'Europe sociale : nous voulons absolument la faire, mais avec un regard français. Je partage le volontarisme manifesté par plusieurs de nos collègues, mais seraient-ils prêts à assumer devant nos concitoyens une perte de souveraineté dans ce domaine ? Là est l'ambiguïté. Au demeurant, lorsqu'un pays dominant dans le domaine militaire réclame une Europe intégrée de la défense, il est aussitôt suspecté de vouloir orienter cette dernière en fonction de ses intérêts propres. En tout état de cause, on ne peut pas être à la fois totalement souverain et en grande partie fédéral : il faudra donc choisir, cher collègue Lefebvre.
Ma question sera la suivante : le renforcement de l'européanisation « en sifflet » de l'OTAN peut-il être une stratégie ? En d'autres termes, n'est-il pas préférable de remplacer progressivement les Américains au sein de l'OTAN de façon à faire de cette organisation d'ores et déjà opérationnelle un outil majoritairement européen, plutôt que de créer une structure supplémentaire dont on sait qu'elle n'est pas la priorité des Allemands et ne correspond pas, notamment pour des raisons historiques, au tropisme des pays d'Europe de l'est ?