Je veux tout d'abord remercier l'ensemble des intervenants pour leur franc-parler : il faut dire les choses telles qu'elles sont et non pas telles qu'on voudrait qu'elles fussent.
Nous, centristes, sommes particulièrement attachées à l'idée européenne, y compris à l'Europe de la défense. Mais tant que nous n'aurons pas de politique étrangère commune à l'échelle européenne, la construction d'une Europe de la défense demeurera problématique, car la politique de défense est un outil de la diplomatie. Sans doute le règlement de ce problème impose-t-il, cher collègue Savary, de trancher la question du fédéralisme européen. Aujourd'hui, force est de constater qu'il existe un cadre collectif en matière de défense mais que celui-ci relève non de l'Union européenne mais de l'OTAN. Or il n'est pas sain que, dans un monde toujours plus instable et dangereux, un continent comme l'Europe baisse la garde. Même si l'on observe une petite amélioration depuis quelques mois, les budgets militaires restent orientés à la baisse, si bien que nous ne sommes pas en mesure de faire face aux enjeux et d'assumer nos responsabilités dans un monde dominé, faut-il le rappeler, par les grands ensembles comme les États-Unis, la Chine et la Russie, laquelle est en train de se réarmer.
Il est exact que l'Europe ne sera jamais la première à se projeter sur un théâtre d'opérations extérieures. Du reste, la France est le seul des États membres à avoir cette capacité d'intervenir rapidement et efficacement. Si intervention de l'Europe il doit y avoir, elle doit donc se faire dans une phase de stabilisation ou de sortie de crise, notamment dans le cadre d'actions civilo-militaires. En revanche, le financement de ces opérations pose un véritable problème : Athena n'est absolument pas à la hauteur des enjeux. On peut décider collectivement qu'un des États membres de l'Union se chargera plus particulièrement de la sécurité en raison de sa capacité d'intervenir, mais nous devons alors convaincre nos partenaires européens d'engager une réflexion sur ce mécanisme. C'est du reste l'objet d'un amendement que nous avons proposé dans le cadre de l'actualisation de la loi de programmation militaire, qui a été adopté à la quasi-unanimité.
Je conclurai mon propos en évoquant trois points essentiels. Premièrement, nous pouvons d'ores et déjà mutualiser à l'échelle européenne un certain nombre d'informations relatives au renseignement ; c'est un élément fondamental et la France fait des efforts très significatifs en la matière. Deuxièmement, les actions de prévention – je pense notamment à Frontex – sont importantes. Troisièmement, il convient de développer – car cela pourrait fonctionner mieux encore qu'actuellement – les programmes industriels européens dits « pooling and sharing », notamment en ce qui concerne les moyens capacitaires : il y va de l'indépendance de l'Europe dans le domaine des armements. À ce propos, je souhaiterais, madame, messieurs, que vous nous indiquiez quelles sont, selon vous, les perspectives dans le domaine de la coopération industrielle à l'échelle européenne.