Je tiens, avant tout, à remercier très sincèrement Catherine Quéré avec laquelle j'ai eu un grand plaisir à travailler sur ce rapport qui dégage un consensus en dépit de nos convictions respectives. Nous allons faire une présentation « à deux voix » du rapport. Le traitement du sujet ne nous a jamais opposés ; il nous a, au contraire, permis de faire les mêmes constats.
Permettez-moi de commencer par un clin d'oeil à l'histoire. Il y a cent trente ans, le 6 novembre 1875, dans le journal satirique Le Charivari, une illustration représentait un homme en haut-de-forme, dont on peut penser qu'il s'agissait d'un parlementaire, s'adressant à des vignerons, casquette à la main, en ces termes : « Mes amis, la commission vous apporte une méthode infaillible pour tuer le phylloxéra : commencez par arracher toutes vos vignes ! » Trente ans plus tard, cette « plaisanterie » devint une réalité, et la production française fut durablement altérée. J'espère que l'histoire ne se reproduira pas.
D'abord, quelques données d'ensemble. Le vignoble français couvre environ 750 000 hectares répartis sur 25 000 communes. Richesse des terroirs, richesse économique, un chiffre d'affaires de l'ordre de 20 milliards d'euros, un chiffre d'exportations de 7,2 milliards : c'est donc le second ou le troisième poste à l'exportation, suivant les années. Cette activité ne demande qu'à s'étendre : elle représente 558 000 emplois, et des zones économiques dans lesquelles le rôle du vignoble est prépondérant, comme dans le Cognaçais, où l'exportation représente 98 % de l'activité, ou encore la Champagne. Avec une consommation nationale qui a diminué de 60 % en 50 ans – plus de 1 % par an à long terme –, les Français ont une consommation « modérée » au sens de la loi « Evin », loi que vos rapporteurs soutiennent, compte tenu des précisions apportées récemment au niveau de la publicité, qui ne remettent pas en cause ce texte. Simplement, il ne serait opportun de faire un procès en responsabilité sanitaire aux vignerons : la consommation s'est sensiblement réduite, elle s'est transformée, comme la production, vers la recherche du qualitatif.
Le coût des maladies du bois, même si l'on manque d'un appareil statistique précis, est estimé à 1 milliard d'euros de manque à gagner, et son incidence économique et fiscale est indéniable. En termes macroéconomiques, ce sont les capacités de développement à l'export qui sont désormais menacées. Et comme on l'a constaté dans la région de Chinon ou dans le Jura, ce sont des exploitations qui passent ou passeront vite en dessous du seuil économique de rentabilité.