Malgré ces chiffres, la recherche manque cruellement de moyens. En Bourgogne, un vigneron nous a déclaré que l'investissement de la profession en détection et en recherche représente 0,5 % du chiffre d'affaires. Actuellement, une seule structure travaille à plein-temps sur Xylella fastidiosa. Si cette maladie de quarantaine arrivait en France, le coût se chiffrerait en centaines de millions d'euros, comme le phylloxéra auquel nous avons consacré la partie historique du rapport pour rappeler qu'une fois implantée, comme « la Peste » chez Camus, une maladie ne meurt jamais. De la même manière, aucun programme budgétaire n'est consacré à l'Esca, et la recherche manque, d'abord, de moyens. Une vente aux enchères, médiatisée, de bouteilles de vin jaune issu de la vigne Pasteur, a même été tentée, mais cette opération n'engendrera sans doute aucune retombée financière.
La recherche est éparse, et souffre d'un manque de coordination. Et pourtant, ni l'implication des chercheurs, que nous avons rencontrés, ni la qualité des laboratoires de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) ne sont en cause. Ce qu'il faut, au-delà d'un financement public suffisant au regard des enjeux, c'est un suivi. Or le compte d'affectation spéciale « développement agricole et rural » (CASDAR), qui a été dans le passé à la source de deux programmes, ne fonctionne qu'à court terme, et aucune action prioritaire n'est actuellement développée à partir de ce compte d'affectation.
Le rythme nécessaire pour trouver de nouveaux clones efficaces ou des moyens de lutte agronomiques non polluants est de l'ordre de vingt ans. C'est une longue marche. Comment admettre que des financements se fassent sur une durée maximale de trois ans, et surtout, en ordre dispersé ? Nous avons rencontré des chercheurs de très grande qualité : il leur manque un soutien public, non seulement financier, mais aussi dans la coordination des travaux.