Intervention de Jean-Marie Sermier

Réunion du 7 juillet 2015 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier, co-rapporteur :

Cela est d'autant plus vrai que la situation sur le terrain se caractérise par une très grande diversité : autant de terroirs, autant de situations différentes, mais nul, à part le coeur du vignoble champenois et bourguignon, de façon d'ailleurs provisoire, n'est épargné. On dénombre une vingtaine de maladies cryptogamiques, 63 virus, 25 espèces parasitaires susceptibles d'attaquer la vigne. Les plus dangereuses attaquent le bois, de façon souvent descendante, comme l'Esca. Nous n'allons pas nous livrer ici à un catalogue scientifique, mais essayer de dire l'essentiel. Plusieurs maladies jouent un rôle important aujourd'hui : l'Esca, l'eutypiose, le black dead arm, étendu scientifiquement aux Botryosphaeria, le mildiou et l'oïdium, la flavescence dorée et les viroses (court-noué). Enfin, le danger de l'arrivée de la maladie de Pierce, variante de la maladie des oliviers, n'est pas écarté.

L'Esca, qui est une attaque de cinq champignons au moins, est devenue le principal problème en France, avec les Botryosphaeria. Il contamine 10 à 12 % du vignoble, avec de fortes manifestations dans le Jura, le Languedoc, le Bordelais, en Alsace et dans la région de Cognac. La croissance de la maladie est de l'ordre de 0,5 % à 1 % par an. Si l'on ne fait rien, il n'y aura plus de parcelles dans vingt ans. Bernard Nadal, président de l'Institut français du vin à Montpellier, a sans nul doute raison en disant : « c'est le phylloxéra ». Cette maladie est connue depuis longtemps, sans faire de parallèle d'actualité, depuis la Grèce antique. Néanmoins, l'« odyssée de l'Esca » débute en 2001, lorsque le seul produit efficace, l'arsénite de sodium, est interdit : sa manipulation était dangereuse, le produit est désormais classé comme cancérigène, mais ses effets ont duré quelques années, si bien que la maladie a repris une expansion inquiétante. L'Espagne, qui a différé l'arrêt du traitement, connaît elle-même une expansion très forte. Mais la nouveauté est que l'Esca s'attaque à des vignes désormais plus jeunes, de moins de quinze ans. Les seules techniques de lutte sont le recépage, qui consiste à couper le pied et à attendre une repousse, le surgreffage, qui consiste à implanter un greffon sur un pied coupé ou, le plus souvent, l'arrachage. Or l'arrachage coûte 10 à 12 euros par pied remplacé – et il faut attendre trois à six ans pour une nouvelle production –, et les autres techniques empêchent une ou plusieurs années de récolte. La recherche a avancé sur une forme de Botryosphaeria en Hongrie.

À ce jour, il existe un seul produit bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché, mais ses effets sont partiels. Le pathogène de l'Esca n'est pas connu, ni les causes de l'efficacité de l'arsénite de sodium. On en est là : cette maladie progresse de manière forte, condamnant les vignerons à l'arrachage, les vignes prennent une allure mitée et la production est en baisse.

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