Intervention de Brigitte Allain

Réunion du 7 juillet 2015 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain, rapporteure :

Les premiers outils de transformation au plan local sont effectivement les abattoirs. On voit que de plus en plus de ceux qui s'étaient spécialisés et concentrés sont en grande difficulté. Il s'agit aujourd'hui de tout remettre à plat pour savoir d'où viennent les difficultés et comment sont gérés les abattoirs. Nous avons visité, en Dordogne, l'abattoir d'Eymet qui, ayant une capacité de 1 000 tonnes, n'en traitait que 800 et avait failli fermer il y a quelques années. Devant l'opposition de toute la population –consommateurs, agriculteurs, bouchers, artisans –, la municipalité s'est penchée sur sa gestion et a trouvé le moyen de lui faire traiter la quantité adéquate d'abattage. Aujourd'hui, cet abattoir, non seulement n'est pas déficitaire, mais il dégage suffisamment de revenus pour que la communauté de communes envisage la construction d'une salle de découpe. C'est ce type de situation que nous visons dans le rapport en proposant d'étendre le dispositif de la loi Hamon, par lequel les salariés sont informés de la cession de leur entreprise, aux agriculteurs et aux fournisseurs, afin qu'ils puissent s'organiser pour éviter la fermeture de l'abattoir et reprendre les choses en main. Car c'est bien là le propos du rapport : reprendre les choses en main.

Madame Rohfritsch, vous pointez du doigt les propositions de ce rapport qui font appel à de l'argent public. Soyons clairs : voulons-nous que notre agriculture continue, comme elle le fait depuis cinquante ans, à déménager des paysans et des emplois agricoles, ou voulons-nous qu'elle retrouve son rôle d'aménagement du territoire et de production à la fois d'une alimentation de qualité et d'emplois ? Ce faisant, elle pallierait certaines difficultés liées à l'agriculture dite conventionnelle qui coûtent de plus en plus cher, comme la dépollution des eaux et le traitement des déchets. C'est aussi à cela que propose de répondre ce rapport.

Permettre aux agriculteurs de vivre, ce n'est malheureusement pas toujours possible avec l'agriculture conventionnelle. La semaine dernière, j'ai rencontré des agriculteurs qui manifestaient à Bergerac à l'appel de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). On leur a, m'ont-ils expliqué, dit de produire du lait et que l'arrêt des quotas ne poserait pas de problème parce que les Chinois et les Russes avaient besoin de leurs produits : la Russie est sous embargo et les Chinois achètent finalement moins que prévu. En fait, on leur a proposé de jouer au poker sans leur dire qu'autour de la table il n'y a jamais qu'un gagnant et tous les autres perdent. Il faudra bien, à un moment donné, reposer les bases d'une vraie politique agricole, c'est-à-dire d'une politique également alimentaire. Au moment où cela arrivera au niveau européen, sans pour autant s'interdire de produire pour des marchés extérieurs, il faudra bien avoir en tête que quand on vise de tels marchés, on joue au poker. Il ne s'agit pas de remettre en cause ce type de production, il s'agit d'asseoir notre alimentation en sachant planifier les productions et pourquoi on produit.

Oui, le rôle des lycées agricoles est essentiel. Nous n'avons pas rencontré les maisons familiales rurales par manque de temps, mais je sais, car il en existe en Dordogne, qu'elles font un travail intéressant. Elles pourront être consultées dans le cadre de la remise à plat des programmes. Au cours de cette mission d'information, nous avons rencontré des acteurs économiques qui estiment en effet nécessaire de revoir les formations de tout l'environnement alimentaire, du niveau de la production aux cuisiniers, en passant par les gérants.

Madame Massat, les établissements publics fonciers locaux peuvent effectivement être un des leviers en matière de foncier agricole, à côté des SAFER et des communautés de communes. Dans mon rapport, j'explique qu'il importe d'associer tous les niveaux, l'échelon national donnant une orientation structurée sur la base de laquelle chaque échelon peut s'emparer du sujet. Je propose ainsi d'inscrire le projet alimentaire dans les schémas de cohérence territoriale.

Madame Linkenheld, nous avons effectivement rencontré les acteurs du MIN de Lomme. Les pourcentages fixés par la loi Pinel ne répondent pas complètement au problème de l'augmentation des loyers commerciaux, pour l'instant, il n'y a pas de traduction concrète. Le problème, c'est que cet encadrement se met en place sur la base de loyers déjà extrêmement élevés, ce qui ne permet pas de répondre aux problèmes sur le terrain.

Mes chers collègues, je vous remercie de l'intérêt que vous avez manifesté. Ce travail n'est pas terminé, et nous pourrons l'inclure dans nos travaux ultérieurs.

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