Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du 11 mars 2015 à 18h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Si j'ai bien compris votre belle démonstration, monsieur le ministre, pour sauver une entreprise française, il faut la vendre aux Américains… Vous ne m'avez pas convaincu. En fait, Alstom allait bien : le groupe avait pour 51 milliards d'euros de commandes qui lui assuraient deux ans et demi d'activité ; il affichait un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros, des marges opérationnelles de 7 %, tirées notamment par les activités énergies, et un résultat net de 556 millions d'euros.

Vous avez admis avoir été mis devant le fait accompli et contraint de vous battre dos au mur. Comment, dans ces conditions et dans des délais aussi courts, construire un partenariat solide avec d'autres groupes que General Electric ? En fait, cette annonce surprise n'avait d'autre but que d'interdire toute alternative. Comme à M. Montebourg en son temps, je vous reproche de n'avoir pas anticipé : Bouygues voulait se retirer ; Alstom n'avait pas la taille critique requise et il devenait impératif de construire des partenariats avec d'autres groupes. Sans être ministre à l'époque, vous étiez tout de même proche de François Hollande à l'Élysée. Je m'étonne que, depuis 2012, vous ne vous soyez pas attaché à trouver une solution différente. Contrairement à ce que vous affirmez, cette solution pouvait être française, mais le temps a manqué pour la construire.

D'autres sont plus malins que nous : les Américains ont su construire un conglomérat autour de General Electric qu'ils renforcent ; les Allemands ont fait de même avec Siemens, les Japonais avec Mitsubishi et Hitachi et les Coréens avec Hyundai. Nous, au lieu de construire des conglomérats du même type et de renforcer notre industrie, nous vendons nos fleurons industriels aux étrangers. Le dossier Alstom est extrêmement grave et rappelle les précédents de Pechiney, Arcelor et Alcatel. Je regrette vraiment que le Gouvernement n'ait pas bloqué l'opération pour se laisser un an, deux ans, bref, le temps de construire une autre solution…

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