Si nous, écologistes, défendons une pêche durable, nous n'entendons pas stigmatiser la position de la France dans le débat européen : nous voulons simplement que notre pays prenne part aux avancées nécessaires, au nom d'une vision globale et dans son propre intérêt. On ne peut toutefois pas nier la spécificité de la position française, que traduit le vote de nos députés au Parlement européen quelle que soit leur appartenance politique. Elle s'explique certainement par le fait qu'en France, à la différence d'autres pays, le secteur de la pêche est important, florissant, et doit être préservé. Nos députés, nos ministres expriment les intérêts de leur circonscription ; ils ne font là rien de honteux et ne n'exposent absolument pas à des conflits d'intérêt personnels, mais défendent les intérêts des travailleurs français.
Nous nous préoccupons aussi de l'emploi, mais tout l'enjeu est de le préserver à long terme, et non pas simplement à court terme. Dans le passé, des fonds européens ont été dépensés en pure perte pour des projets qui n'ont eu aucun débouché économique et des secteurs qui ont finalement été démantelés, par exemple sur le littoral de l'Hérault. En la matière, il faut prévoir l'avenir et cela suppose une gestion durable des ressources.
Pour apprécier la durabilité, il faut, dites-vous, s'appuyer sur des avis scientifiques qui font parfois défaut. Certes, il n'existe pas d'avis sur tous les stocks et il y a sur ces questions de vrais débats scientifiques. Mais, dans certains cas, les avis sont très clairs. Lors de la table ronde dont a parlé la présidente, le consensus scientifique sur les risques du chalutage en eaux profondes et son faible intérêt économique était manifeste chez des chercheurs français appartenant à des organismes publics, l'IFREMER et l'IRD. Même si les scientifiques ne dictent pas les politiques mais les éclairent, aucun doute n'est ici permis : n'organisons pas une controverse qui n'existe pas. Il faut se fonder sur l'analyse scientifique pour pouvoir ensuite discuter des moyens et des délais, au lieu de nourrir la controverse sur ce qui doit servir de base à la discussion.
À quantité de poisson pêché égale, les secteurs les plus pourvoyeurs d'emplois sont les petits métiers, la pêche artisanale, dont les représentants dénoncent la mauvaise répartition des aides et demandent que les quotas de pêche leur profitent davantage. Ils méritent notre soutien.
Le budget global de la PCP est satisfaisant : c'est une véritable manne qui est maintenue. Mais comment sera-t-elle utilisée ? Nous souhaitons pour notre part que la France mette résolument en oeuvre une politique de sortie de la surpêche, que les montants alloués à la collecte de données et au contrôle soient relevés et que les pêcheries artisanales durables soient privilégiées puisque ce sont elles qui créent le plus d'emplois.