Intervention de Philippe Chalmin

Réunion du 8 juillet 2015 à 18h00
Commission des affaires économiques

Philippe Chalmin, président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires :

Mais il ne fallait pas démolir la politique agricole commune (PAC) !

À l'époque, j'avais été chargé d'un rapport sur l'avenir de la PAC par le Conseil d'analyse économique. Pour ma part, j'étais partisan du maintien des quotas laitiers. Bruxelles a totalement détricoté la PAC. Nous sommes malheureusement maintenant dans un univers totalement instable.

Monsieur Benoit, je suis tout à fait d'accord avec vous : il y a dans ce pays des agriculteurs remarquables. Ils ont surtout fait preuve d'une extraordinaire capacité de s'adapter à l'instabilité. Ce matin, vous avez reçu M. Pouyanné, le patron de Total. Le secteur pétrolier est passé de la stabilité des prix du temps du cartel à l'instabilité. Pour lui, cela a été un choc culturel. Mais c'était Total, avec tous les moyens qu'il a. L'agriculteur français qui est passé, du jour au lendemain, de la stabilité à l'instabilité s'est extraordinairement bien adapté.

Il y a par nature déséquilibre entre l'amont et l'aval. Dans de nombreuses filières, la concentration de l'aval n'est pas suffisamment importante. Dans la filière viande et la filière laitière, les acteurs ne font pas le poids par rapport aux grandes structures de l'Europe du nord – Allemagne, Danemark, Pays-Bas, etc. Au contraire, la France possède de grandes structures en ce qui concerne les céréales, les oléagineux et le sucre. Vous le verrez, l'abandon des quotas sucriers ne posera pas problème parce qu'il s'agit d'une filière adulte. C'est peut-être là le coeur du problème : en France, nombre de filières ne sont pas adultes. La solution, c'est la contractualisation. Dans un certain nombre de secteurs, il n'y a pas de grandes différences entre les entreprises privées et les coopératives, notamment dans le secteur laitier. Il est nécessaire que la concurrence joue.

Je vous indique qu'un accord dit de swap a été conclu entre Herta, filiale charcutière de Nestlé, et un groupement de producteurs bretons. Ils se sont mis d'accord sur un prix stable pour les six à douze mois à venir. Si le prix au cadran breton est inférieur au prix qu'ils ont négocié, Herta comble la différence. Si le prix est supérieur, les producteurs de porcs remboursent Herta.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion