Le lancinant problème des Balkans revient dans l'actualité. Il faut regarder la réalité en face : l'Union européenne est victime de son succès et de l'élargissement continu ; la quantité va générer un problème qualitatif. Cette question interpelle l'intégrisme européen. Le Président Giscard d'Estaing m'a dit un jour qu'il fallait adapter les règles de l'Union européenne à la diversité du continent. Avec cette future vague d'adhésions, la nature même de l'Europe sera en jeu. Puisque l'Europe s'élargit, elle doit s'amaigrir : elle ne pourra pas être gérée à trente-quatre comme elle l'était du temps où elle ne réunissait que des pays culturellement très proches et aux économies équivalentes. À force de charger la barque, on va faire couler le navire. Pour que le système fonctionne, Bruxelles doit se contenter de traiter ce qui relève de la coordination économique. La crise durera longtemps et risque de se trouver accélérée par ces adhésions futures. Et nous en parlons alors que des pays comme l'Allemagne appellent à la sortie de la Grèce de la zone euro – issue à mon sens incontournable.
J'ajoute que l'un de ces six États est beaucoup plus proche de nos intérêts et de nos conceptions que les autres : la Serbie, qui fut un allié fidèle de la France dans les années tragiques. Même s'il avait sa part de responsabilité, la charge effectuée contre ce pays il y a quelques années fut excessive. Il faudrait peut-être lui réserver un sort particulier, même si cela créerait des tensions supplémentaires dans la région.