Il existait une très grande attente du tissu économique réunionnais vis-à-vis de la BPI, en raison des défaillances du marché. De cette très grande attente est née la déception des chefs d'entreprise, parce que le dispositif mis en place n'y répond pas. Le déficit de l'AFD, localement, en termes d'appréciation des dossiers, du caractère innovant ou structurant de tel ou tel investissement, se retrouve dans le fonctionnement de la BPI.
Le représentant local de la BPI à La Réunion est très présent, il accompagne la préfecture ainsi que mes missions sur différents sujets tels que le préfinancement du CICE, sur lequel il a été extrêmement pugnace et où de bons résultats ont été obtenus. L'accompagnement est important, mais sur des projets qui auraient a priori trouvé une réponse dans le cadre du système bancaire classique. Le dispositif BPI, c'est paradoxal, donne le sentiment de conforter le système bancaire dans sa démarche vers les entreprises plutôt que d'aider spécifiquement ces dernières. Les bénéficiaires du dispositif sont d'abord les banques et seulement ensuite, par ricochet, les entreprises.
Toutes les dispositions européennes s'appliquent sur nos territoires en ce qui concerne les financements de la BPI. Des négociations sont en cours pour appliquer le prêt de développement territorial à La Réunion. La difficulté vient de ce que le conseil régional a choisi de structurer son prêt autour du dispositif FEDER, ce qui ne permet pas à la BPI d'intervenir. Cette difficulté ne peut se résoudre puisque le comité d'orientation régionale ne se réunit pas.
En conclusion, le dispositif fonctionne, techniquement, et il permet une intervention assez rapide, mais il existe une difficulté au niveau de l'appréciation des dossiers par des équipes AFD qui sont davantage outillées mentalement pour gérer des autoroutes, des ports maritimes ou des aéroports que les TPE de cinq salariés qui forment le tissu économique local. Je rejoins Mme Derné sur ses propositions de phasage et la nécessité d'un travail sur la capitalisation des entreprises qui leur permettrait de retourner d'elles-mêmes rapidement vers le secteur bancaire privé.