Intervention de Lionel Loutoby

Réunion du 24 juin 2015 à 16h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Lionel Loutoby, commissaire à la vie des entreprises et au développement productif, en Guyane :

Non seulement la place bancaire est particulièrement frileuse en Guyane, plus que dans les autres DOM, mais nous connaissons en outre cette particularité que les groupes bancaires ont tous, à l'exception d'une seule banque, une direction régionale hors du territoire, ce qui peut donner le sentiment que les décisions sont prises ailleurs et que la Guyane est reléguée au second plan.

Il existait donc une très forte attente vis-à-vis de la BPI, et c'est pourquoi la Guyane a été la première à installer son CRO et à développer un prêt de développement territorial. Nous pouvons à cet égard saluer le dynamisme de la directrice pour la région Antilles-Guyane, Michèle Papalia, ainsi que l'implication très forte du président de région.

Les chiffres montrent une explosion des crédits et des garanties. En revanche, le retour que je reçois des chefs d'entreprise montre qu'ils n'ont pas le sentiment que les choses aient beaucoup changé en termes de suivi et d'accompagnement, ni que le financement ait été facilité. Ce dernier point tient à la doctrine de la BPI, qui intervient en co-financement et en co-investissement. Dans les faits, les équipes sur place attendent la réponse d'une banque avant de prendre une décision. Or, si les banques recevaient un signal fort en amont, elles pourraient plus facilement se positionner sur les dossiers. Si la BPI, sans violer sa doctrine, pouvait donner une réponse de principe sous réserve d'obtenir ensuite un co-financement, cela déclencherait l'intention d'une banque, qui saurait à l'avance que la BPI porte un regard positif sur le dossier. Les banques ont aujourd'hui des réticences à utiliser la délégation de garantie de la BPI, un produit pourtant très simple d'utilisation, et préfèrent saisir la BPI sur chaque dossier : il est donc clair qu'elles attendent des signaux de la BPI pour prendre des risques.

Les attentes des chefs d'entreprise sont déçues en raison également d'un manque de communication de la part de la BPI. Il conviendrait de développer une approche commerciale offensive. Il manque un chargé d'affaires qui se rende sur le terrain et rencontre les chefs d'entreprise. Tous ceux que je vois me disent que leur seul contact avec la BPI est la directrice régionale – et c'est très bien que celle-ci assure de tels déplacements – mais une présence plus importante serait nécessaire pour offrir un meilleur service aux chefs d'entreprise, qui sont demandeurs d'un service de proximité. Il me semble que l'on ne peut faire l'économie d'une équipe BPI sur place en Guyane.

Le capital-investissement a du mal à se développer. Au bout d'un an et demi, la BPI n'est entrée au capital d'aucune entreprise en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane. Il faut assouplir les critères localement, notre tissu économique étant constitué d'entreprises bien plus petites. Une telle souplesse permettrait de faire grandir de belles pépites sur nos territoires.

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