Intervention de Philippe Mouchard

Réunion du 24 juin 2015 à 16h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Philippe Mouchard, délégué général de la Fédération des entreprises d'outre-mer :

Le ressenti de nos adhérents, entreprises mais aussi collectivités d'outre-mer, recoupe totalement les remarques qui viennent d'être exprimées par les commissaires au redressement productif.

Les attentes sont très fortes dans les trois collectivités du Pacifique. Une montée en puissance est prévue mais les attentes sont encore déçues, notamment en Polynésie française.

En Guyane, en dépit de l'indéniable mobilisation des agents de la BPI et de l'AFD, le retour de nos adhérents souligne le manque d'une présence in situ qui permette de prendre en considération les spécificités du territoire. La Guyane connaît une croissance démographique entre quatre et six fois celle de la moyenne nationale : dans vingt ans, elle sera plus peuplée que la Martinique et la Guadeloupe. La BPI ayant une structure commune à La Réunion et à Mayotte, la même problématique se posera dans une vingtaine d'années à Mayotte par rapport à La Réunion.

Il ne faut pas non plus oublier les territoires que j'appelle orphelins, angles morts des politiques publiques, les collectivités de l'Atlantique : Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Saint-Martin a la particularité d'être à la fois une région ultrapériphérique, qui doit tenir compte des contraintes communautaires, et une collectivité d'outre-mer dotée de l'autonomie fiscale et ne bénéficiant pas, à ce titre, du crédit d'impôt recherche et du crédit d'impôt innovation. Ces trois collectivités ne devraient pas être exclues du dispositif.

Les chiffres indiquent une mobilisation et une reprise des crédits aux investissements, mais une certaine frilosité subsiste en matière de capital-investissement et de financement de l'innovation. Les produits d'Oséo innovation étaient déjà insuffisamment développés outre-mer, alors que ces territoires ont justement besoin de davantage de recherche pour se développer. La R&D dans les outre-mer est de 0,65 % du PIB, contre 2,24 % en métropole, pour un objectif européen fixé à Lisbonne à 3 %. Alors que les projets existent, sur l'énergie thermique des mers par exemple, les banques et la BPI manquent d'audace pour financer des projets, certes risqués mais qui créeront à terme de la valeur ajoutée.

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