L'ACCIOM, qui regroupe les onze chambres de commerce et d'industrie ainsi que les chambres interprofessionnelles de l'ensemble des DOM-COM se retrouve très bien dans les propos des trois commissaires au redressement productif, dont je salue la bonne vision du terrain.
Nous avions alerté dès 2013, très en amont, sur le fait qu'il ne fallait surtout pas dupliquer le système AFD-Oséo dans un système AFD-BPI. J'avais personnellement rencontré Nicolas Dufourcq, en présence d'Oséo, pour lui dire qu'il ne fallait pas reproduire la même erreur. Or, si l'on est passé d'une convention de partenariat à une convention de sous-traitance, sous les mots, la réalité est identique.
Le Premier ministre avait, à Nouméa, le 27 juillet 2013, insisté sur la mise en place de la BPI au niveau local. Un document commun émanant des chambres consulaires et de la CGPME, du MEDEF et de l'UPA, a été produit. Il ne s'est rien passé. L'instance de concertation et d'orientation appelée de leurs voeux par les socio-professionnels n'existe pas, et leur déception est à la mesure des annonces qui avaient été faites. Faute de délégation locale, la BPI n'est pas identifiée.
Dans l'océan Indien, le comité d'orientation s'est réuni une seule fois, le 18 février 2014, le jour du lancement de la BPI, et n'a plus rien fait depuis. Le contact entre la BPI et les entreprises n'est pas des plus faciles, et les dispositifs semblent hors de portée des TPE. De même, nous ne sommes pas convaincus que les conseils des banques de la place maîtrisent parfaitement les produits proposés, et, en termes de communication, il n'y a strictement rien. Je présume que vous avez eu connaissance de la lettre du 4 décembre 2014 que le président de la chambre de commerce de La Réunion a adressée au Président de la République afin d'appeler son attention sur ces manques. Je n'ai pas entendu dire qu'il ait reçu une réponse.
Dans l'Atlantique, le bilan est un peu plus nuancé dans la mesure où le travail de Mme Papalia est reconnu en Guadeloupe et en Guyane. Il est plus discret, semble-t-il, en Martinique. Mais comme l'a souligné M. Loutoby, elle est seule : ses moyens d'intervention sont extrêmement limités. Les interlocuteurs physiques sont restés les mêmes. Les nouveaux produits ne font l'objet d'aucune promotion. Le comité régional s'est réuni trois fois en Guyane, deux fois en Guadeloupe, une fois en Martinique, et puis plus rien.
Le produit spécifique « Guyane » a été apprécié et je me réjouis d'entendre qu'il devrait s'appliquer ailleurs. Force est de constater, cependant, que les professionnels ne sont pas alertés. Je présume que les discussions se passent entre la BPI et les conseils régionaux ; il est dommage que les acteurs économiques ne soient pas associés.
En conclusion, entre la communication nationale sur la BPI et le résultat, la déception est évidente. Malgré nos avertissements, le système ancien, qui ne fonctionnait pas, a été dupliqué. Il existe certes des points positifs, des chiffres qui parlent, mais le sentiment général est que la BPI est suiveuse, plutôt que moteur comme cela avait été annoncé.