Pour ne pas risquer d'être répétitif, je limiterai mon propos à deux questions.
En premier lieu, je souhaite vous interroger sur vos perspectives de coopération avec Cuba. Je suis président du groupe d'amitié France-Cuba à l'Assemblée nationale, et j'ai pu noter que Total avait été l'une des rares entreprises à avoir conservé, malgré le blocus, des relations économiques avec Cuba – avec une implantation sur l'île, voire plusieurs. La République cubaine est très demandeuse d'accords commerciaux avec la France et les entreprises françaises, pour éviter d'être submergée demain par le monstre impérialiste américain de proximité.
En second lieu, j'observe que le premier objectif d'une entreprise multinationale comme la vôtre est la rentabilité financière – même si certains peuvent le contester. Or la course au profit maximum peut avoir des effets pervers sur son développement, sur sa politique de R&D et sur l'environnement. Je prendrai comme exemple un sujet dont on n'a pas encore parlé : la chimie du végétal.
Quel est donc votre niveau de recherche en ce domaine ? Chacun sait qu'il y a énormément à faire : programmes de recherche ; structuration des filières ; remplacement des hydrocarbures d'origine fossile par de nouvelles molécules que l'on peut obtenir, notamment, à partir de végétaux. Or je vous trouve particulièrement timide sur la chimie du végétal. Et quand vous vous y intéressez, vous ne le faites pas, selon moi, de façon satisfaisante. Je pense bien sûr à la raffinerie de La Mède.
Vous avez répondu à la nécessité de reconversion de cette raffinerie par la mise en place d'une usine d'agro-carburants de première génération, principalement dédiée à l'huile de palme – qui représente 70 % de la matière première, soit à peu près 500 000 tonnes et trente fois ce que Nutella utilise !
Déjà, vous envisagez de supprimer 80 des 430 emplois de cette raffinerie, dont le personnel a lancé une grève qui dure depuis le 11 juin. Je voudrais savoir où l'on en est en matière d'emplois, mais aussi connaître les dommages écologiques que ce choix industriel ne manquera pas d'avoir : ces cultures dédiées vont se faire au détriment de cultures vivrières et contribueront à la disparition de la forêt primaire, notamment en Indonésie. J'ai le sentiment que vous procédez de façon assez expéditive, sans évaluer toutes les conséquences de vos décisions.
N'est-ce pas là le résultat d'une politique qui tend à un maximum de profits, et qui cherche un rapide retour sur investissements ? Cela vous amène à faire l'impasse sur la recherche, laquelle est pourtant indispensable pour pouvoir engager de telles transitions.