Il y a une large surreprésentation des fonctionnaires et assimilés et peu de personnes issues du secteur privé dans la réserve. Avez-vous une solution pour pallier ce problème ?
Par ailleurs, la réserve de la gendarmerie fonctionne parfaitement bien. Ne pourrait-il pas y avoir un corps unique, avec une organisation autour de la gendarmerie plutôt qu'une nouvelle entité commandée par un réserviste ? N'y a-t-il pas là matière à simplifier le dispositif ?
Enfin, lieutenant-colonel Orlik, j'imagine que ce ne doit pas être facile pour vous de concilier votre activité professionnelle et votre fonction militaire…
Lieutenant-colonel Gérald Orlik. Je travaille dans le secteur privé, comme d'ailleurs plusieurs autres personnes de mon régiment, qui, au travers de plusieurs expédients, parviennent quand même à se libérer.
À titre personnel, je n'ai pu accepter la mission qui m'a été confiée que parce que j'ai eu l'accord total et le soutien de ma hiérarchie civile, notamment de mon chef de service. Or, quelle que soit la position globale d'une entreprise vis-à-vis des réserves, tout se joue au niveau du service qui doit faire face aux contraintes d'organisation que pose l'absence du réserviste. Par exemple, dans l'entreprise dans laquelle je travaillais précédemment, cela aurait été inconcevable. Au cours d'un peu plus de vingt ans d'activité de réserve, alors que les chefs français que j'ai eus ont eu une attitude allant de la neutralité non bienveillante à une franche hostilité, je n'ai été réellement soutenu que par des chefs étrangers – ce que je suis le premier à regretter. Aujourd'hui, mon patron direct est italien et son supérieur est une Américaine, qui a été mon plus fort soutien dans mes activités de réserve – allant jusqu'à m'interdire de prendre sur mes congés pour les exercer et à m'imposer de déclarer ces activités, considérant que les vacances sont faites pour pouvoir se reposer ou être avec sa famille, et ce dans l'intérêt même de l'entreprise pour garantir l'efficacité professionnelle et la productivité de ses employés. Mais il s'agit là d'une exception, et à titre personnel je n'ai jamais connu une telle attitude de la part d'encadrants français.
Commissaire-colonel André Geoffroy. Lors d'une enquête effectuée il y a deux ans auprès des directeurs de ressources humaines (DRH) d'entreprise, 77 % d'entre eux voyaient d'un oeil défavorable le fait qu'il y ait des réservistes dans leur entreprise.