Intervention de Philippe Petitcolin

Réunion du 21 juillet 2015 à 15h00
Commission des affaires économiques

Philippe Petitcolin, directeur général de Safran :

Dans le domaine de la sécurité, nous sommes présents sur le secteur des documents d'identité, où nous faisons partie des meilleurs au monde. Ainsi, nous fabriquons les passeports des personnels d'INTERPOL, mais aussi l'intégralité des documents d'identité pour le Chili, dans le cadre d'un partenariat public-privé. Six mois après la mise en circulation de ces documents, les Chiliens ont obtenu une exemption de visa pour entrer sur le territoire des États-Unis, ce qui en dit long sur le degré de fiabilité auquel nous sommes parvenus. Les passeports chiliens, qui comportent quarante-trois sécurités, ne sont pas faits de papier, mais de polycarbonate, sur lequel toutes les informations relatives au détenteur, y compris les photographies, sont gravées au laser.

Nous fournissons au FBI un système qui lui permet de détenir une base de données regroupant les empreintes digitales de quelque 120 millions de personnes. Chaque jour, le Bureau adresse 240 000 requêtes de vérification – ce que les Américains appellent des hits – à la base de données, ce qui nécessite la mise en oeuvre d'algorithmes d'une qualité exceptionnelle, afin qu'il soit répondu à chaque requête avec la plus grande précision. Nous avons en France les meilleurs mathématiciens au monde, et c'est à eux que nous devons ces algorithmes d'un niveau inégalé.

La biométrie est le coeur de l'activité de Morpho, filiale de Safran, qui met en oeuvre les plus récentes innovations dans le domaine du numérique au service de la sécurisation des données, de leur stockage – notamment sous la forme d'un coffre-fort numérique – et de leur transfert. Au niveau mondial, le marché de la sécurité présente une croissance moyenne de 8 % par an, ce qui correspond au rythme de croissance de Safran dans ce domaine, de l'ordre de 8 à 10 %.

Il m'a été demandé quelles étaient les conséquences de l'actionnariat, dont font partie les salariés et l'État, en termes de management. Pour ma part, je ne vois aucune différence de ce point de vue par rapport à une autre société. Dirigeant Safran au niveau opérationnel, j'ai affaire à des actionnaires et à un conseil d'administration au sein duquel siègent à la fois l'État et les salariés. Ces personnes – deux représentants des salariés actionnaires des fonds communs de placement d'entreprise (FCPE) et deux représentants des salariés, en vertu de la loi imposant aux entreprises de plus de 1 000 salariés que ceux-ci soient représentés – accomplissent un travail remarquable et savent prendre des décisions en tant qu'administrateurs. Une telle organisation ne pose aucun problème, bien au contraire : elle permet de partager très vite les informations, les commentaires et les lignes directrices des stratégies pour l'avenir.

En matière d'emploi et de formation, nous faisons beaucoup de choses par nous-mêmes, la formation dispensée par l'Éducation nationale ne correspondant pas tout à fait à nos besoins. Nous avons donc énormément d'apprentis et de personnels en alternance. Pour ce qui est de la reconversion du site de Fougères, passé de la téléphonie mobile à l'électronique militaire sécurisée ou critique – en l'occurrence, le système FÉLIN –, elle a impliqué que nos personnels acceptent d'aller suivre une formation pour une durée de deux mois à un an au sein d'autres unités, notamment à Poitiers. S'il n'y a pas de blocage au niveau de l'administration, il ne lui est pas toujours facile d'agir pour nous aider comme elle le souhaiterait. À Commercy, où nous démarrons une production, tout à fait novatrice, de pièces en composite pour les nouveaux moteurs Leap, le lycée technique de la ville propose désormais aux élèves – avec notre aide, consistant notamment en la mise à disposition de machines – une formation spécifiquement adaptée à nos besoins.

Nous sommes en permanence à la recherche de compétences et de profils très spécialisés – notamment des fraiseurs et des décolleteurs, intervenant sur des machines à commande numérique – et je dois dire que nous manquons de personnel. De ce point de vue, notre statut de grand groupe nous donne un avantage énorme par rapport aux PME, notamment nos propres sous-traitants : nous proposons à nos salariés un intéressement, une participation, une certaine qualité de vie au travail et une certaine sécurité de l'emploi – bref, nous sommes une « belle boîte », capable d'attirer certains profils à condition qu'ils existent. Nous parrainons donc, aussi souvent que possible, des jeunes que nous avons formés dans le cadre de l'apprentissage ou de l'alternance, afin de les proposer – avec leur accord – à nos sous-traitants, ce qui permet de diffuser au mieux la richesse des talents dont nous avons besoin.

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