Intervention de Bruno Sido

Réunion du 9 juin 2015 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Bruno Sido, sénateur, Premier vice-Président de l'OPECST :

Le thème de l'intégrité scientifique est toujours d'actualité. Nombre d'incidents ont montré qu'il s'agissait d'une préoccupation de premier ordre, conduisant même à un suicide au Japon. En France, les travaux de M. Olivier Vionnet, biologiste, directeur de recherche au CNRS, ont été remis en question par le site Internet PubPeer, tandis que ces critiques étaient relayées par un autre site, Retraction Watch. Il semblerait qu'il s'agisse d'une affaire de manipulation des illustrations. Aussitôt, le CNRS a mis en place une commission d'enquête scientifique, et l'affaire suit son cours.

Cela montre que la réputation, même de dimension internationale, d'un chercheur peut être remise en cause. Face à cette situation, il convient à la fois de réagir rapidement et de garantir les droits de la défense. Les travaux du groupe de travail, animé par M. Claude Huriet, ancien sénateur, ancien membre de l'OPECST, sont donc particulièrement pertinents.

J'ai eu connaissance du rapport, excellent et fort complet, de M. Jean-Pierre Alix, chercheur au CNRS, sur l'intégrité de la recherche, qui se termine par huit recommandations. Son auteur s'interrogeant sur les suites de son étude, j'ai posé une question écrite au ministre chargé de la recherche pour éclaircir cette question.

L'OPECST a toujours été représenté au groupe de travail qui s'est réuni plusieurs fois à l'Institut Raymond Poincaré et qui organisera, à l'automne 2015, un débat sur l'intégrité scientifique puis, au début de l'année 2016, un colloque à Bordeaux.

Il existe plusieurs tabous : se poser des questions sur la confiance placée dans la recherche ; évoquer sans fards les causes des manquements à l'intégrité scientifique. Généralement, les personnes qui se penchent sur ces manquements sont davantage portées à s'interroger sur l'opportunité et le degré des sanctions à infliger aux chercheurs, qu'à se soucier de ce qui les a incités à agir ainsi.

Il peut arriver que certains chercheurs franchissent des seuils de manière insensible. La rétention partielle d'une découverte pour la révéler par morceaux est également critiquable. La tentation peut exister d'arranger certaines statistiques. M. Alix mentionne par ailleurs dans son rapport certaines entorses à l'intégrité scientifique commises dans l'histoire par des chercheurs particulièrement célèbres comme Ptolémée, Newton ou Mendel.

Notre réflexion doit donc être poursuivie, et je continuerai à participer aux réunions du groupe de travail qu'animent MM. Huriet, Villani et Chneiweiss, et qui est hébergé au sein du MURS. Je vous invite, pour l'heure, à faire part de vos réactions ou suggestions sur la participation de l'Office à la poursuite de cette réflexion.

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