Intervention de Jean-Yves Le Déaut

Réunion du 9 juin 2015 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Le Déaut, député, président de l'OPECST :

Je vais essayer de faire une synthèse avant de vous laisser réagir à nouveau. Le périmètre est le suivant : on ne peut pas, à l'OPECST et avec nos collègues européens qui suivent les questions de science et de technologie, traiter de tout le thème du réchauffement climatique qui sera abordé par la COP 21. Donc les offices parlementaires, lors de la réunion du mois d'avril, ont décidé de se concentrer sur l'apport que l'innovation pourrait avoir pour lutter contre le réchauffement climatique par des technologies éventuellement nouvelles, et cela ne veut nullement dire : « on ne peut rien contre le réchauffement climatique, laissons faire les technologies ! ».

Dans notre projet de programme, on a décliné le mot innovation dans toutes ses composantes, innovation technologique, innovation sociale ; on ne s'intéresse donc pas qu'à l'innovation technologique, et il y a aussi l'apport des sciences humaines et sociales dans ce que nous souhaitons faire. Globalement, nous souhaitons faire une analyse des besoins d'adaptation des politiques publiques face à l'innovation sous toutes ses formes dans les domaines touchant à la science et la technologie. Pour lancer la conférence, nous souhaitons que quelqu'un tel que Jean Jouzel puisse introduire et traiter beaucoup de questions qui ont été posées tout à l'heure. S'agissant de la quatrième table ronde, je confirme à Claudie Haigneré que le sous-thème est très proche de ce que fait l'IHEST sur le thème « Les sociétés à l'heure du changement climatique – éduquer, agir, gouverner ».

Voici la problématique proposée par l'IHEST : « Comment peut-on saisir le changement climatique ? Comment peut-on le représenter concrètement, en parler, le faire comprendre à une majorité de citoyens ? » Il n'y aura une lutte contre le réchauffement climatique que s'il y a une appropriation de la nécessité de cette lutte par la totalité de nos concitoyens. Je pense que nous sommes d'accord sur ce point.

S'agissant de l'innovation dans le domaine des transports, ou plutôt dans le domaine des mobilités durables, cela dépasse le thème des matériaux, des moteurs et des carburants. Cela concerne la problématique des nouvelles mobilités sereines et durables, qui souligne la forte composante sociétale de la question des économies d'énergie dans les transports ; et c'est sous cette forme que nous essayerons d'aborder la question. Vos remarques à cet égard sur le lien avec la conception de la ville seront prises en compte.

S'agissant du bâtiment, il ne devrait pas y avoir de problème, même si nous n'avons pas les mêmes thématiques dans ce domaine en Europe et dans les pays en voie de développement. Le thème du bâtiment est un thème majeur puisque le bâtiment consomme en moyenne 40 % de l'énergie primaire en Europe. On doit se préoccuper de la situation mondiale car si on ne traite pas du problème des émissions de gaz à effet de serre en Chine, on ne traitera pas de cette question-là. Dans le domaine du bâtiment, j'ai entendu cette phrase : « On sait tout faire puisqu'on sait faire le bâtiment à énergie positive ! ». Sauf que les bâtiments à énergie positive sont une part infime des bâtiments aujourd'hui construits, et resteront une part infime en 2020.

Aujourd'hui, la vraie question est sociale : comment, à un moment donné, peut-on construire des bâtiments neufs qui obéissent à des critères de bâtiment durable ? Par ailleurs, on fera 1 % de rénovation par an en moyenne globalement si on arrive à mettre en place un programme efficace. Certains diront qu'on pourrait en faire plus, d'autres qu'on en fera moins.

Il reste trois milliards de mètres carrés à rénover en France. À 300 euros le mètre carré, ça fait un marché de 900 milliards d'euros. Ce ne sera possible que si les gens ont l'argent pour le faire. Or, douze millions de foyers français devraient rénover leur maison, mais n'en ont pas les moyens. Il faut donc faire appel à l'innovation financière, à côté de l'innovation sociale, pour traiter cette question. Mais en même temps, à côté de l'isolation, poussée par certains, il faut travailler sur les questions de gestion active de l'énergie, comme cela a été indiqué par Jean-François Minster lorsqu'il a évoqué le rôle des technologies de l'information et des réseaux intelligents.

Une autre question importante demeure, celle de l'intégration, dans notre programme, de cette thématique des technologies de l'information, car cela doit nous conduire à refondre totalement les intitulés. Nous avons, à cet égard, des degrés de liberté relativement restreints car nous avons déjà discuté de cette question avec des collègues. Tout ce qui est technologie intelligente, tout ce qui est modélisation, y compris le spatial, tout ce qui est du domaine de la filière bois qu'on doit intégrer dans le premier thème, tout ce qui concerne les développements au niveau mondial, l'accès à l'énergie et l'agriculture sont des questions qu'on doit pouvoir poser. Je pense que c'est sans doute en travaillant sur le troisième thème, l'innovation dans le domaine énergétique, qu'on peut aborder ces questions.

Dans l'introduction, on pourra peut-être insister sur la composante incontournable du développement mondial ; et on doit évoquer les technologies intégratives dans toutes les tables rondes. Il est, en effet, évident que ces questions sont intégratives et la question de la mobilité durable impose des réflexions sur les politiques de la ville.

Après avoir entendu tout ce qui vient d'être dit, on va essayer de remodeler ce qui a été fait de manière un peu brute dans un premier temps ; on va essayer d'affiner cela. Si vous avez des propositions d'aménagement du programme qui vous paraissent meilleures, notamment au niveau de la sémantique des intitulés, nous sommes preneurs. Certains d'entre vous ont déjà donné des noms d'intervenants possibles et ont fait des suggestions.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion