Je partage votre constat quant au fait que nous nous sommes engagés trop longuement et surtout trop fortement en matière de lutte contre le sida. Ne pensez-vous pas que le moment soit venu de rééquilibrer nos aides dans le secteur sanitaire, en les réorientant au profit de la lutte contre les pandémies dont meurent actuellement les Africains, en particulier les enfants – je pense notamment au paludisme et à la tuberculose ? Ces pandémies anciennes qui continuent de faire des ravages mériteraient que la France leur consacre des moyens plus importants et joue en cela un rôle moteur, similaire à celui qu'elle a joué des décennies durant pour le sida.
Pour ce qui est de la COP21, je suis assez confiant au vu des annonces qui ont été faites par plusieurs grandes puissances au sujet des gaz à effet de serre. Pouvez-vous nous préciser en quoi consiste l'aide apportée par l'AFD dans ce domaine, notamment pour ce qui est du montage des dossiers de certains pays souffrant d'une certaine déficience en matière d'organisation étatique ? J'ai reçu ici même, il y a quinze jours, le ministre de l'environnement de la République démocratique du Congo, qui nous a expliqué être pour le moment dans l'impossibilité de travailler à la constitution du dossier de présentation des objectifs de son pays en vue de la COP21, et a demandé à bénéficier d'un renfort technique de l'AFD sur ce point. Les engagements que le Gouvernement avait pris en la matière sont-ils concrets ?
En raison des contraintes budgétaires, le Gouvernement s'apprête à annoncer une nouvelle réduction du budget de l'aide au développement. Pouvez-vous nous préciser si cette réduction a, ou non, un impact pour l'AFD, et pourquoi ?
Il est accablant de constater que, soixante ans après les indépendances africaines, la liste des pays les plus pauvres est restée inchangée. Comment une telle chose est-elle possible en dépit des efforts accomplis en matière d'aide au développement – étant précisé que l'AFD, elle, est présente depuis moins de soixante ans ?
Enfin, en ce qui concerne la croissance de l'Afrique, il existe deux camps : d'un côté, les afro-optimistes considèrent que ce continent est en pleine croissance, et qu'il va véritablement émerger au xxie siècle, comme l'ont fait l'Inde et d'autres territoires au cours du xxe siècle ; de l'autre, les afro-pessimistes estiment que la croissance de l'Afrique repose essentiellement sur le marché des matières premières et qu'il n'y a pas de création de richesses sur ce continent, en particulier en Afrique centrale. Quelle est votre analyse en la matière, et estimez-vous qu'il faille voir, dans les 10 % de croissance dont bénéficient certaines régions de l'Afrique, un voyant passé au vert, ou un simple indicateur qu'il convient de relativiser ?