Intervention de Anne Paugam

Réunion du 7 juillet 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Anne Paugam, directrice générale de l'Agence française du Développement, AFD :

Nous ne pourrons donc pas compter sur ce qui était censé constituer l'amorce d'un effort de rééquilibrage entre le bilatéral et le multilatéral, ce que j'ai déploré auprès de mes ministres de tutelle. En effet, si une ressource nouvelle constitue toujours l'opportunité de pousser un peu le curseur, le redéploiement sur des ressources existantes est plus difficile.

Les moyens que nous pouvons consacrer à l'éducation ou à la démographie seront toujours contenus par les ressources dont nous disposons. Cela dit, en matière de démographie, tout ne se résume pas aux moyens, et nous sommes en train de réfléchir à ce que pourrait être la déclinaison opérationnelle de l'adaptation à la situation au Sahel. Nous avons l'intention de donner la priorité à la prolongation de l'éducation des filles – ce qui a un lien très direct avec la précocité des maternités et leur nombre –, ainsi qu'à l'accès à l'emploi ou à des opportunités économiques pour les femmes, au moyen de la microfinance et des programmes de développement rural que nous mettons en oeuvre.

En matière d'accès à la santé, un travail général doit être fait pour le renforcement des systèmes de santé. Cela me donne l'occasion de répondre à la question sur les priorités : certes, la tuberculose et le paludisme sont au moins aussi menaçants que le sida dans certaines zones d'Afrique, mais j'appelle votre attention sur le fait que le Fonds mondial n'a pas vocation à lutter uniquement contre le sida, mais aussi contre ces deux maladies.

Ce qui manque aujourd'hui, c'est un renforcement transversal des systèmes de santé, au niveau des infrastructures comme du personnel formé, des intrants, du matériel, et du travail social. Cet aspect n'étant pas suffisamment couvert par les grands fonds verticaux, le bilatéral a, en la matière, vocation à intervenir en bonne articulation avec le multilatéral. La vaccination constitue également un domaine où de grands efforts restent à faire. Ce qui s'est passé avec Ebola a bien montré que, dès lors qu'un système de santé ne fonctionne pas, une épidémie suffit à produire un effondrement généralisé.

En ce qui concerne les obligations bancaires, nous devrions – à moins d'un événement inattendu – tenir les objectifs fixés sur le plan financier, consistant en une maîtrise très forte des charges et un revenu en légère hausse. Conformément à l'engagement pris par le Gouvernement, 80 % du résultat est mis en réserve afin de renforcer les fonds propres. Il est prévu qu'à partir de 2016, nous arrivions à 8,5 milliards d'euros d'autorisations d'engagements annuelles – et y restions jusqu'à 2020. Il n'y a pas aujourd'hui d'autres possibilités en l'état de la réglementation bancaire qui s'applique à nous. Nous sommes une banque comme les autres, qui se voit appliquer toute la loi bancaire, comme si nous étions la Société Générale ou BNP Paribas –, à savoir Bâle III, et peut-être Bâle IV demain. De ce point de vue, nous constituons une exception unique au monde, puisque ce n'est pas le cas des agences japonaise – la Japan International Cooperation Agency (JICA) – et allemande – la KFW – qui, compte tenu des spécificités de leur mission, sont considérées comme des établissements bancaires bénéficiant d'une réglementation bancaire adaptée à leur mission. M. Jacques Myard. On n'en rate pas une !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion