Une question est très mal traitée en France : celle de l'expertise technique, de l'ingénierie. La banque mondiale, les banques régionales de développement cofinancent des centaines de milliards d'euros d'ingénierie chaque année. En ces domaines, qu'il s'agisse de génie civil, de construction, de ponts et chaussées, de télécoms, d'agriculture, nous ne manquons pas d'atouts. Pourtant, nous sommes incapables de vendre notre expertise technique à l'international. Le ministère des affaires étrangères avait créé à cet effet, il y a quelques années, une agence, France coopération internationale, dont j'avait été administrateur un temps. Je ne sais où elle en est aujourd'hui. On parle toujours d'exportation de biens matériels. Mais il faut être en mesure d'exporter notre prestation intellectuelle, notre ingénierie administrative, qui appellera ensuite l'exportation de produits industriels. En amont de toutes les commandes de biens matériels, on trouve toujours le conseil. Or cet aspect n'est pas pris en compte. Sans doute faudrait-il créer une agence dédiée, avec des moyens coordonnés.
Sur le benchmarking avec l'Allemagne, je raconterai une courte anecdote. Voilà deux ans, je me suis rendu, pour le compte d'AREVA, en Mongolie – il s'agissait de mettre la main sur une mine d'uranium. J'y avais rencontré à cette occasion un Allemand qui m'avait expliqué que lui, contrairement aux Français, ne rentrait pas tous les vendredis chez lui, mais une fois sa prospection accomplie seulement ! On peut créer toutes les agences que l'on veut, l'export c'est aussi un état d'esprit, une disponibilité des cadres commerciaux. On ne peut pas tout imputer à l'État.