Intervention de Bruno Hug de Larauze

Réunion du 9 juin 2015 à 16h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Bruno Hug de Larauze :

J'étais président de la chambre de Saint-Nazaire lorsque nous avons voté la fusion avec celle de Nantes. Dans la région Pays de la Loire, il y a désormais une chambre par département – la fusion des chambres infradépartementales a été réalisée – en plus de la création de la chambre régionale.

Les chambres ont un rôle essentiel, celui de réfléchir à une vision prospective à long terme. Tant que nous n'avons pas de visibilité – et c'est pourquoi les aspects budgétaires sont importants –, il est extrêmement difficile d'éviter les tensions que le sénateur Adnot a évoquées, au sein du réseau lui-même, comme à l'égard de nos engagements. Nous avons en effet des engagements pluriannuels, avec différents interlocuteurs : les départements, les communautés de communes, la région.

Nous avions décidé, en 2005, de clarifier les responsabilités des uns et des autres et de donner à l'ensemble une vision prospective. Il est très important de le rappeler aujourd'hui, car se posent des sujets de gouvernance, des sujets de prospective et des sujets financiers.

En ce qui concerne la gouvernance, la situation actuelle est la suivante. Les collaborateurs des chambres sont officiellement rattachés aux chambres régionales. Ils sont ensuite détachés ou mis à disposition des chambres départementales. La perception des taxes se fait au niveau des chambres régionales, qui peuvent être pilotées par un bureau hybride. Nous avons la chance, en Pays de la Loire, d'avoir une gouvernance très apaisée, très démocratique, dans la mesure où chaque président de chambre départementale est, au sein du bureau, responsable d'un domaine. Par exemple, la chambre d'Angers a la responsabilité de la formation, celle de Nantes-Saint-Nazaire la responsabilité de l'international. Cette approche « matricielle » que nous avons choisie nous a permis de prendre, pour l'instant, toutes nos décisions à l'unanimité.

La question, aujourd'hui, est de savoir si les chambres sont tournées vers l'avenir, ou, au contraire, repliés sur elles-mêmes ? Je pose la question ainsi car, dans l'histoire, les chambres de commerce ont eu un rôle visionnaire : que l'on songe aux bourses de commerce, aux ports, aux aéroports, aux grandes démarches collectives comme l'apprentissage ou la création des écoles de commerce, qui ont aidé les entreprises de France à rayonner dans le monde entier.

Les chambres de commerce et d'industrie doivent être des incubateurs du futur. En Pays de la Loire, nous avons constaté qu'un clivage était en train de naître entre le public et le privé, entre la nouvelle et l'ancienne économie, entre les jeunes au chômage et les anciens qui ont du mal à regarder sereinement l'avenir. Nous nous sommes demandé comment préparer l'avenir. Un peu à l'instar de Philippe Vasseur dans le Nord, nous avons considéré qu'il était essentiel que les chambres soient l'incubateur de cette troisième révolution industrielle et agricole.

Nous avons donc lancé un programme important qui comporte trois particularités.

D'abord, le sujet doit être porté par les trois réseaux consulaires : chambres des métiers, chambres d'agriculture et chambres de commerce.

Ensuite, il doit être contractualisé : avec les services de l'État, la région, les métropoles et les départements. En région Pays de Loire, certains conseils départementaux, comme la Mayenne ou la Vendée, jouent un rôle primordial sur leur territoire ; dans d'autres départements, comme le Maine-et-Loire, c'est davantage la métropole. Les réalités sont donc très diverses, et nous sommes donc obligés d'avoir une présence de proximité en même temps qu'une capacité à contractualiser au niveau régional.

S'agissant du lien avec les services de l'État, ma déception a été très forte, après la signature il y a trois ans d'un contrat d'objectifs et de performance (COP), de constater que le fléchage financier qui devrait nous permettre d'opérer notre mutation s'est heurté, en plein élan, aux prélèvements sur les fonds de roulement, d'une part, et aux plafonnements de la taxe, d'autre part, de sorte que nous n'avons pas toujours pu honorer notre parole.

Ce qui est grave, c'est qu'on envoie le même message aux entreprises, qui elles aussi ont besoin de visibilité. La plupart d'entre elles sont soumises à des aléas de marché considérables et ont du mal à se projeter à moyen terme alors qu'elles ne savent même pas ce qu'elles vont faire dans trois mois.

La crédibilité des chambres tient à leur double système de référence : ce sont des établissements publics qui sont animés par des chefs d'entreprise. Sans elles, on se prive de la réactivité qui permet de donner des marges de manoeuvre aux entreprises. N'oublions pas que les chambres représentent aujourd'hui l'ensemble des intérêts économiques d'un territoire. Je suis admiratif de ce qui se passe en Californie, j'ai créé vingt-deux entreprises dans ma vie, et je suis effaré de voir l'immobilisme, l'esprit de silo qu'on est en train de développer dans certains endroits, alors que ce qu'il faut aujourd'hui, c'est de l'agilité, de la réactivité, de la transversalité. Or, ce sont les chambres de commerce et d'industrie qui sont les lieux qui permettant cette transversalité. Je voudrais citer quelques exemples.

La troisième révolution industrielle concerne, aujourd'hui, quelque 1 000 entreprises de notre région. Notre objectif est d'aider 3 000 pionniers à être moteurs dans leur domaine pour servir de référence aux PME-PMI, et d'accompagner les 200 000 entreprises de la région à intégrer le numérique, la robotique, les technologies du futur, le fonctionnement transversal. Je pense notamment à l'Institut de recherche technologique (IRT) Jules Verne, né à l'initiative de la chambre de Saint-Nazaire, sous ma présidence, je pense aussi au pôle Neopolia. Aujourd'hui, chacun d'entre eux est porté par plusieurs entreprises.

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