Intervention de Patrick Boissier

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Patrick Boissier :

Vos deux premières questions concernaient l'actionnariat de DCNS.

Thalès, qui avait pris 25 % à l'origine, avait une option de monter à 35 %. Il a exercé cette option. Il n'a pas d'option d'aller plus loin pour l'instant. A-t-il l'intention de faire autre chose ? C'est au président de Thalès qu'il faudra poser la question.

Mais je tiens à ajouter que la prise de participation de Thalès dans DCNS a été extraordinairement bénéfique. D'abord, celle-ci a permis d'ouvrir l'actionnariat de DCNS, un conseil d'administration un peu diversifié est certainement une très bonne chose. Ensuite, elle a mis fin à une concurrence franco française dans le naval de défense. Enfin, en incluant ce qui était Thalès Naval France à l'intérieur de DCNS, elle a apporté du sang neuf et de la diversité dans l'entreprise. Or la diversité est source de richesse et de créativité.

Et après ? Comme je vous l'ai dit, j'appelle de mes voeux des rapprochements européens. Mais encore une fois, pour se rapprocher, il faut être deux. Or aujourd'hui, force est de constater que nous n'avons pas en face de nous des partenaires qui le désirent.

Il y a d'autres options de consolidation de l'industrie française, dans la défense plus généralement, du type de ce qu'avaient fait les Anglais avec BAE. Si ce type de solution devait être privilégié, il serait fondamental de conserver à la partie navale son intégrité. Ce qui fait la force de DCNS, c'est d'être justement un systémier intégrateur. Nous ne devons pas devenir un simple plateformiste.

Cela me permet de répondre en partie à l'une des questions de M. Rouillard. STX Saint-Nazaire est une société très compétente dans le domaine des navires civils les plus complexes. Nous avons développé des synergies. Aujourd'hui, tous les grands navires – BPC, pétroliers ravitailleurs, voire porte-avions – sont faits et seront faits à Saint-Nazaire, en parfaite coopération entre DCNS et STX. Nous réalisons des échanges techniques entre les deux sociétés. Il nous arrive d'échanger du personnel en nous sous-traitant réciproquement un certain nombre de charges.

Je ne pense pas qu'il soit utile d'aller plus loin. En effet la force de DCNS est de s'être focalisée sur le naval de défense et d'être intégrée totalement, depuis la conception du navire, la conception du système, l'intégration de l'ensemble et la maintenance. Dans pratiquement tous les pays, c'est le modèle qui prévaut, à l'exception notable de l'Italie : Fincantieri est un plateformiste qui fait du civil et du militaire.

Il n'est pas question de se marier avec Piriou ni que DCNS rachète Piriou, ni que Piriou rachète DCNS. Simplement, nous voulons explorer un nouveau domaine, celui des petits navires dédiés à l'action de l'État en mer, qui sont construits aux normes civiles. C'est un domaine dans lequel nous ne sommes pas. Nous avons décidé, plutôt que de développer un nouveau concurrent, de réaliser de tels navires en partenariat. Nous avons choisi Piriou, qui nous paraissait le meilleur partenaire. Nous entamons des discussions avec lui à cette fin.

Cela ne met pas STX Lorient en dehors du jeu. Nous continuerons à faire avec lui ce que nous avons fait jusqu'à maintenant, en lui fournissant de la sous-traitance de charges, ou en employant chez nous une partie de son effectif pour réaliser certains travaux.

La dernière question de M. Rouillard concernait les énergies marines et le développement de l'éolien off-shore. L'éolien off shore posé n'est que de l'éolien terrestre « les pieds dans l'eau », et nous n'avons pas grand-chose à y apporter. En revanche, nous avons l'intention de développer l'off-shore flottant, qui présente un certain nombre d'avantages, en particulier celui d'aller plus loin, dans des zones d'eaux plus profondes. Dans une première étape, nous avons créé une société avec la société lorientaise Nass & Wind et le groupe Vergnet, pour faire un premier prototype à l'échelle d'un mégawatt. Le démarrage est prévu en 2013.

M. Meslot m'a posé une question sur nos espoirs de réussite en matière d'export, mais je ne suis pas en mesure d'y répondre. À peu près tous les pays du monde qui ont une marine ont des projets d'acquisition. Chaque fois qu'un tel projet est lancé, vous pouvez être pratiquement sûr que nous sommes sur les rangs – ce qui ne veut pas dire que nous gagnerons. Mais il se trouve que, dans ce domaine, des projets dont on parle beaucoup, qui semblent imminents, mettent des années pour aboutir ou n'aboutissent pas, alors que d'autres dont on ne parle pas du tout se concrétisent en quelques mois. Voilà pourquoi je ne peux pas vous en dire davantage.

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