D'abord, notre stratégie est d'être présents dans le domaine des navires complexes, comme nous l'avons toujours été, mais aussi dans le domaine des navires plus simples. Pour cela, nous voulons rester d'abord et avant tout une entreprise française. Le coeur de notre activité doit rester en France, et nous souhaitons faire en sorte que le développement de notre activité profite d'abord à notre base industrielle française. Je reste convaincu qu'on ne peut pas faire ce métier sans maîtriser sa base industrielle. Mais je pense que nous avons encore la capacité de le faire en France, à condition bien entendu de ne pas souffrir de handicaps de compétitivité trop importants.
Notre stratégie est également d'être présents à l'international, dans les pays à fort développement. J'en citerai deux : l'Inde et le Brésil, qui ont des programmes majeurs dans le secteur naval, et où l'on peut vendre à condition d'y faire du transfert de technologie. Ce transfert passe par des partenariats, prenant la plupart du temps la forme de sociétés communes, comme celle que nous avons montée au Brésil avec Odebrecht. Cette société commune réalisera des sous-marins sur la base construite par Odebrecht avec la technologie de DCNS, à partir d'une technologie de construction de sous-marins transférée par DCNS.
Ensuite, comme je l'ai déjà dit, je souhaite nouer des alliances européennes. Mais ce n'est pas facile.
Nous avons initié, avec les Allemands, une coopération dans le domaine des torpilles. L'objectif était de créer une société à 5050, pour joindre nos forces dans ce domaine. Nous avons une première application pratique : nous avons sous-traité aux Allemands une partie de la réalisation de la torpille F21, la future torpille lourde française. Nous avançons dans nos négociations sur la création de cette entreprise commune. Nous nous efforçons d'aboutir, mais ce n'est pas évident.
Autre type de difficulté : Lancaster House a essayé de développer le rapprochement franco-anglais. Je crois que cela a été très efficace dans le domaine opérationnel – l'opération Harmattan en est un bon exemple – mais beaucoup moins dans le domaine industriel. Même si nous avons aujourd'hui des coopérations, en particulier dans le secteur de la guerre des mines, je ne peux pas dire que Lancaster House ait créé une nouvelle dynamique. Chacun a tendance à rester de son côté. Ce n'est pas faute, pour notre part, d'avoir essayé. Je pense que les Anglais sont un peu freinés par leur coopération avec les États-Unis dans le secteur des sous-marins nucléaires.
M. Hillmeyer m'a interrogé sur le SMX-26. Nous sommes comme les constructeurs automobiles qui, au Salon de l'automobile, présentent leur nouveau concept-car. Nous présentons virtuellement un concept de navire – dans le cas présent un sous-marin – qui n'est pas forcément destiné à être réalisé, mais qui concentre l'ensemble des développements, des nouvelles technologies et des offres que nous pouvons faire à nos clients.
Le SMX-26 est un sous-marin « de poche », qui fait tout de même 43 mètres de long, capable de se positionner très près des côtes parce qu'il peut avancer à une très faible profondeur, se poser au fond de l'eau, y rester pendant des jours, mettre en service des forces spéciales, etc.
Je terminerai sur l'avenir du site de Nantes-Indret, où nous faisons essentiellement tout ce qui relève de la propulsion, qu'elle soit nucléaire ou classique. Ce site est fortement impliqué dans les deux programmes FREMM et Barracuda. Le programme FREMM se déroule pour l'instant avec les 11 frégates qui ont été commandées. Jusqu'à aujourd'hui, seuls 3 des 6 sous-marins du programme Barracuda ont fait l'objet d'une commande ferme. Mais je ne doute pas que les tranches conditionnelles seront confirmées, même si un léger étalement du programme est possible.
Le site nantais est par ailleurs impliqué dans le développement de notre activité dans les énergies nucléaires. En effet, nous fournissons à nos clients non seulement de la maîtrise d'oeuvre de sous-ensembles, mais également de la réalisation d'un certain nombre d'équipements, ou de la prestation d'activités de design ou de réalisation.
Enfin, Nantes-Indret pourra être concerné par le développement des énergies marines renouvelables. Je n'ai donc pas de craintes particulières pour son avenir même si, dans ce site-là comme dans les autres, nous avons à améliorer la performance et à apporter des changements – certains métiers se développent, alors que d'autres ont tendance à se réduire.
Et puisque vous vous intéressez à la région de Nantes, je vous précise que nous avons choisi de localiser à Nantes DCNS Research, qui concentre l'essentiel des moyens de recherche et de développement de DCNS, et qui est fortement lié avec l'Institut de recherche technologique (IRT) Jules Verne.