Au total, ce sont 279 millions d’euros qui seront mobilisés d’ici à la fin de 2016 au titre du premier accueil, de l’hébergement d’urgence, de l’aide forfaitaire aux communes. Ils seront mobilisés aussi pour renforcer les effectifs de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides – OFPRA –, que nous n’avons eu de cesse d’augmenter depuis 2012, de l’Office français de l’immigration et de l’intégration – OFII – mais aussi de l’Éducation nationale, qui doit assurer l’accueil des élèves et des parents, l’apprentissage du français et la transmission de nos valeurs républicaines. La solidarité, c’est garantir un accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile. Mais, j’en prends l’engagement devant vous, cette solidarité – et ce point est très important pour nos compatriotes – ne pourra pas dégrader la situation de celles et ceux de nos concitoyens qui ont besoin d’être aidés, qui ont besoin de la solidarité nationale. En effet, nous entendons déjà le débat qui peut s’ouvrir : nous agirions pour ceux qui viennent d’arriver mais non pour ceux qui sont en difficulté depuis longtemps. Ce débat peut créer des fractures nouvelles où s’engouffreront tous les populismes et la démagogie.
Mettre en lumière une situation d’urgence, ce n’est pas renvoyer dans l’ombre tous les autres. On ne peut pas un jour porter sur les fractures de notre société un diagnostic sans concessions – nous l’avons fait, ici même, dans cet hémicycle, le 13 janvier dernier – et le lendemain oublier cette priorité.
À nous, donc, de veiller à ce que chacun soit accompagné comme il doit l’être. Aussi, au cours des douze prochains mois, les crédits dédiés à l’hébergement d’urgence et à la veille sociale augmenteront de 250 millions d’euros dont 130 seront disponibles dès le mois prochain, car nous devons appliquer ces principes de solidarité.
Cette solidarité envers les réfugiés s’inscrit dans le cadre d’une politique migratoire globale qui ne perd pas de vue ces objectifs et qui prend en compte la réalité de la France, sa démographie comme sa situation économique.
Le visage de la France changera-t-il ? Ce n’est pas de cela dont il est question. Ce que nous voulons, c’est que la France reste à la hauteur de ce qu’elle est, qu’elle reste fidèle au message d’accueil pour les réfugiés qu’elle a toujours porté, tout en étant capable de maintenir et de consolider la cohésion nationale, la cohésion sociale.
Mesdames et messieurs les députés, ce Gouvernement agit avec lucidité, méthode et fermeté. Mais j’y reviens : tout ce que nous faisons n’aura de sens que si l’Europe parvient à trouver et à mettre en oeuvre des solutions efficaces et durables : tel est le sens des propositions que portent le Président de la République et la chancelière allemande et nos deux pays.