Monsieur le ministre, j’interviens comme député du Mouvement républicain et citoyen pour dire que je n’approuverai pas cet accord. Je m’abstiendrai, car je considère que cet accord est perdant sur le plan économique, mais aussi sur le plan politique.
Perdant sur le plan économique, parce que nous allons verser un milliard d’euros en indemnisations à la Fédération de Russie. En outre, et malgré toutes les précautions qui ont été prises, monsieur le ministre, il demeure que c’est un mauvais coup porté à une filière, à des entreprises, à des emplois.
Perdant sur le plan politique, car en refusant de céder les deux Mistral promis avec l’objectif affiché de sanctionner la Russie, la France a choisi en septembre dernier le parti pris dans le conflit ukrainien plutôt que la médiation et l’apaisement. Un an plus tard, la fragilité du cessez-le-feu et l’absence de perspectives donnent tort à cette stratégie. La crise ukrainienne et ses suites constituent un cas complexe, qui procède de provocations répétées de part et d’autre, et non d’une simple volonté expansionniste russe. L’application aujourd’hui imparfaite des accords de Minsk 2 – dont il faut se féliciter – témoigne d’une responsabilité à tout le moins partagée entre le Gouvernement et les forces pro-russes. Cette situation ne sert que ceux qui ont intérêt à un scénario de retour à la Guerre froide, pourtant éteinte depuis plus de vingt-cinq ans, qui risque de contribuer à pousser la Russie dans les bras de la Chine. Ce n’est pas l’intérêt de la France.
Il est donc nécessaire que la France fasse évoluer sa stratégie à l’égard d’un pays auquel l’unissent des liens historiques si forts. Honorer cette parole sur le strict plan commercial eût été un premier pas bienvenu. Il convient également que l’Union européenne envisage enfin la levée des sanctions économiques, dont l’effet est quasi nul sur la situation en Ukraine, mais bien réel sur nos exportations. Voilà pourquoi je m’abstiendrai lors du vote.