À mon tour, je souligne la qualité du travail effectué par la Cour des comptes. Si l'orientation est un marqueur des dysfonctionnements du système éducatif, j'ai la faiblesse de penser qu'il y a quand même beaucoup de parcours réussis et de bonnes pratiques dont on pourrait s'inspirer pour construire des modèles.
L'orientation est un processus très complexe qui fait intervenir une multiplicité d'acteurs, d'où la nécessité d'avoir une très bonne coordination pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Ce qui n'est pas acceptable dans l'orientation, c'est son côté irréversible. Les passerelles dont on parle tant ont beaucoup de mal à se mettre en place. Faciliter les changements de parcours entre les trois voies traditionnelles est très important.
Les remarques que je m'apprête à faire ne vont pas du tout dans le sens de celles que Mme Barbara Pompili vient de faire. À la fin de la troisième, on stigmatisait les élèves qui envisageaient l'apprentissage en alternance. Il est dommage que l'éducation nationale se désintéresse de cette voie sous prétexte qu'elle est liée aux filières professionnelles. Je crois au travail de la main et je crois donc beaucoup à l'excellence des filières d'apprentissage. D'ailleurs, le rapport Gallois les cite comme une réelle voie de réussite. D'où vient ce désintérêt dont, pendant des années, l'éducation nationale a fait preuve vis-à-vis des élèves qui se destinaient à l'apprentissage, alors qu'il est tout à fait possible de revenir dans le système traditionnel après être passé par là ?
Vous préconisez l'orientation la plus tardive possible au cours de la scolarité alors que, paradoxalement, on envisage des phases d'orientation de plus en plus tôt. Les classes pour l'inclusion scolaire (CLIS) et les SEGPA sont des enseignements spécifiques très importants, car ils proposent des solutions pour mener les élèves en très grande difficulté sur des voies de réussite.
J'ai relevé dans votre exposé que 122 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ou avec le seul brevet des collèges. Est-ce à dire que le brevet des collèges ne sert strictement à rien ? Il relève pourtant du socle de connaissances et de compétences, et bientôt de culture, dont il est fondamental de s'attacher à atteindre l'objectif de maîtrise par 100 % des élèves. S'agissant de l'objectif de 50 % de diplômés de l'enseignement supérieur, vous n'y incluez que les diplômes de niveau bac + 3, mais les BTS et DUT sont pourtant considérés comme des voies significatives facilitant l'insertion professionnelle mieux que d'autres filières.
Quant à la recommandation n° 3 de former les enseignants à une meilleure connaissance des filières d'enseignement et des débouchés professionnels, ne signifie-t-elle pas qu'il faudra un grand service public de l'orientation placé sous l'autorité des régions, auquel je crois beaucoup ?