Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 12 décembre 2012 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Non sans souligner, à mon tour, la clarté du rapport, je m'interroge sur les moyens de rendre à la voie professionnelle son statut de voie de la réussite et de l'excellence. Aujourd'hui, l'orientation en voie professionnelle est trop souvent vécue par l'élève et sa famille comme un constat d'échec ou une sanction. Cette voie souffre de discrimination territoriale, car elle dépend pour beaucoup de l'offre territoriale. Ainsi, dans mon département où sont implantés les deux grands aéroports de Roissy et Le Bourget, aucune classe ne préparait aux métiers de l'aéronautique alors qu'il y avait là, pour les jeunes du territoire, des débouchés possibles. Il a fallu batailler pendant dix ans pour faire ouvrir une filière dans un lycée.

Autre lacune à combler, le lien est rarement fait entre une formation donnée et les métiers sur lesquels elle peut déboucher. Beaucoup de jeunes qui atterrissent en chaudronnerie ne voient pas vers quoi cette formation peut les conduire ni même son utilité, et les lycées connaissent, de ce fait, un absentéisme très important. En ces temps de chômage, parler emploi c'est bien, mais parler métiers serait encore mieux. Je suis frappée de voir, à la faveur d'expériences dans certains lycées, comme les jeunes appréhendent l'emploi du point de vue du salaire et non pas du point de vue du métier et de son potentiel d'épanouissement, parce que c'est un aspect qu'on ne valorise plus auprès d'eux.

L'éducation nationale doit reconnaître la compétence des familles et des élèves dans les choix d'orientation sans pour autant supprimer toute intervention de l'équipe éducative. Les chefs d'établissements, les conseillers, les professeurs principaux ont un rôle d'écoute, de conseil, d'information extrêmement important à jouer dans la prise de décision.

Qu'adviendra-t-il du statut des conseillers d'orientation-psychologues dans le cadre de l'acte III de la décentralisation ? Vous avez mis en regard leurs conditions d'exercice dans l'enseignement public et dans l'enseignement privé. Êtes-vous d'avis de limiter leur intervention ou de la laisser en l'état dans l'enseignement public ?

Une des recommandations consiste à faire prendre en charge au maximum les difficultés scolaires au sein de la classe. Cela signifie-t-il que cette tâche incombe aux enseignants mêmes de la classe ou que des enseignants spécialisés doivent intervenir en soutien ? Là encore, on en revient à la question de l'avenir des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased).

S'agissant du choix, je pense, moi aussi, qu'il faut lui laisser le temps de se forger et repousser l'orientation à la fin de la scolarité obligatoire, en mettant en place des passerelles entre les enseignements général, technologique et professionnel, y compris entre les différentes filières de l'enseignement professionnel.

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