Intervention de Hervé Guillou

Réunion du 15 septembre 2015 à 14h30
Commission des affaires étrangères

Hervé Guillou, président-directeur général de DCNS :

Une question a été posée sur ce que pensent les ouvriers, les administrateurs salariés, les salariés actionnaires, les actionnaires privés et publics de DCNS. Avant de signer le protocole de résiliation, j'ai bien sûr réuni le matin même mon conseil d'administration pour lui rendre compte de la situation et demander un vote. Le conseil a d'ailleurs été tenu étroitement informé au préalable, par un groupe ad hoc organisé en son sein et qui s'est réuni depuis le début du mois de mai.

Je ne porte pas de jugement sur les actionnaires. STX est une société française comme une autre, nous aussi. À ce titre, le conseil de DCNS, dans sa résolution, a exigé que la direction veille à ce que DCNS soit remboursée comme les autres à 100 %. Cette tâche, que j'ai reçu mandat d'exécuter d'ici à la fin de l'année est légitimée par le principe d'égalité devant les charges publiques.

L'un de vous a dit que ce ne serait déjà pas mal si nous revendions les bateaux à coût nul. Je ne peux accepter un tel raisonnement. DCNS prend tous les risques. Ce n'est ni le Gouvernement français ni la COFACE qui signera le contrat de vente, mais DCNS. C'est elle qui sera le coupable, aux yeux du client, s'il se présente des problèmes sur les bateaux. Je ne vois donc aucune raison pour ne pas récupérer au moins une partie de mes marges à l'occasion de la revente. Dès lors que nous assumons des responsabilités vis-à-vis d'un nouveau client, ces responsabilités doivent être couvertes par des marges.

Je ne sais pas ce que sera le prix de revente, mais plus nous vendrons vite, mieux nous vendrons. Plus cela traînera, plus nous serons confrontés à des problèmes de maintien de garantie et de maintenance, ainsi qu'à des exigences de remises à jour. Ce sera à l'État de décider à quel prix il peut revendre les navires, et la fourchette est extrêmement large. J'ai du mal à imaginer que ce sera au prix où ils ont été vendus aux Russes : les clients ne sont pas idiots et demanderont au moins la désinflation. Le prix dépendra du package global, mais il y aura forcément une décote significative.

Je n'ai pas d'avis personnel sur ce que pouvait être l'intérêt des Russes à entrer dans une logique de règlement amiable. Tout au plus puis-je imaginer qu'ils n'avaient pas plus envie que nous que l'on parle de cela pendant des années. C'est un sujet qui crée un bruit médiatique relativement important.

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