Intervention de Anne-Lise Dufour-Tonini

Réunion du 12 décembre 2012 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Lise Dufour-Tonini :

L'orientation est essentielle en ce qu'elle est une projection dans la vie future de l'élève, dans sa vie d'adulte. Dans le cadre de mes anciennes fonctions de chef d'établissement, j'ai vu de véritables drames, des souffrances causés par AFFELNET. Car on n'est plus là dans l'orientation, mais dans l'affectation, et l'on affecte au nombre de places et en fonction du taux de pression. Pendant deux ou trois ans, on a fait rêver des gamins en leur faisant suivre le parcours de l'orientation au cours duquel ils ont appris à se connaître, à connaître le monde de l'entreprise et la formation. Mais, au moment où ils expriment leurs voeux, on sait déjà que, pour certains, leurs notes ne leur permettront jamais d'obtenir ce qu'ils ont choisi. Les taux de pression constituent un vrai problème à cause des difficultés qu'il y a à mettre en adéquation les besoins locaux en termes d'orientation et de formation et l'offre effectivement proposée aux enfants.

L'affectation souffre aussi de la difficulté technique que constituent les phases. Au mois de juin, on demande aux élèves de faire trois voeux, les plus larges possible, leur explique-t-on, car ils risquent de ne pas être acceptés dans ce qu'ils veulent. Là déjà, ils sentent leur rêve s'éloigner. Viennent ensuite, aux mois de juillet et septembre, les phases de réaffectation où des places qui ont été refusées finalement se libèrent alors que les enfants intéressés sont affectés ailleurs. C'est donc un véritable problème, et si AFFELNET a permis de faire quelques progrès, une certaine transparence reste encore à apporter.

La dévalorisation des filières technologiques et professionnelles va de pair avec orientation subie et décrochage scolaire. Sur une vingtaine de gamins en seconde ROC SM, réalisation d'ouvrages chaudronnés et de structures métalliques, aucun n'a choisi cette filière. Si bien qu'à la fin du premier trimestre, les trois quarts ne viennent plus en cours. Le décrochage est là. La requalification des filières technologiques et professionnelles est une véritable Arlésienne : on en parle mais on ne la voit jamais. Nous avons maintenant une série STI2D, sciences et technologies de l'industrie du développement durable, mais ça ne fait toujours pas rêver. La voie royale, c'est toujours S, sinon ES, sinon L. Nos bonnes intentions trouveront-elles enfin, un jour, une concrétisation dans des orientations que nos enfants vivront bien ?

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