La formation des enseignants, on l'a vu, doit être très diversifiée et toucher tant à l'appréhension de la difficulté scolaire qu'à l'accueil à réserver aux parents, ces aspects devant être modulés en fonction des difficultés rencontrées par l'adolescent. Certains adolescents se construisent parfois en opposition et sont très affectés par leur milieu familial. De ce fait, le besoin d'écoute et d'information des parents est différencié. Or, dans le système français, les mieux informés savent généralement faire le plus directement leur chemin. C'est ainsi que, au sein du rectorat de Paris, pendant les mois d'été, trois personnes s'occupent à plein temps des demandes reconventionnelles de dérogation à la sectorisation. Il y a donc une nécessité d'informer.
Nous n'abordons pas le sujet des obligations réglementaires de service, puisque nous sommes en train d'effectuer un travail, qui donnera lieu à la publication d'un rapport public thématique à la mi-mai, sur la gestion des personnels enseignants par le ministère de l'éducation nationale. Nous examinerons avec celui-ci toutes les problématiques du mouvement, de la carrière, des rémunérations, des obligations réglementaires de service, tous sujets qui font de l'éducation nationale un bloc et dont, comme un grand iceberg, la partie immergée est la plus importante. Nous devons poursuivre notre travail sur cette partie immergée, quitte à prendre un nouveau rendez-vous avec vous.
Cela dit, nous considérons comme essentiel que les enseignants se sentent investis de la mission d'information, qu'ils connaissent l'environnement des métiers et de l'entreprise, ce qui renvoie à la problématique de la formation initiale et au temps nécessaire à lui consacrer, de même qu'à la formation continue, dont le temps ne doit pas être pris sur les seules heures de cours, c'est-à-dire au détriment des élèves. Nous avions traité ce sujet de la formation dans la partie du rapport public annuel 2012 consacrée à la formation initiale, qui soulevait le tour de passe-passe qui avait affecté la masterisation. Le gouvernement semble s'en préoccuper et se donne les moyens pour le faire. Nous aurons, le moment venu, à voir ce qu'il en est. Quant à la formation continue, c'est un sujet sur lequel nous allons travailler cette année.
À tout le moins, le rôle d'information existe assez largement. Les enseignants ont un sens de l'éthique extrêmement développé, et ils sont nombreux à se mobiliser sur le sujet. Loin de nous d'émettre un avis contre les conseillers d'orientation-psychologues mais, comme vous l'avez fait remarquer, ils ne sont que 4 500 et ce nombre n'est pas à l'échelle du problème. Mieux vaut les placer à des postes où ils sont d'abord attendus pour la fonction de psychologue plutôt que d'y mettre des conseillers d'orientation-psychologues au rabais qui n'ont pas de diplôme de psychologie et ne peuvent pas, de ce fait, faire passer certains tests. Les conseillers d'orientation-psychologues ne peuvent pas être les seuls à s'occuper de l'information des élèves. Il faut organiser la fonction d'information, qui doit être prise en charge par l'ensemble des enseignants du collège depuis la sixième. Le PDMF est un élément tout à fait important, dans le cadre duquel des initiatives tout à fait intéressantes sont prises, avec l'intervention d'entreprises ou de parents qui viennent présenter leur profession. Il faut soutenir ces manifestations pour afficher très clairement la volonté d'information sur les possibilités de construction d'un parcours personnel de l'élève.
AFFELNET ne fait pas, de notre part, l'objet d'une recommandation particulière. Si le système peut être perfectionné, un problème d'inadéquation de l'offre de formation persiste. C'est là un enjeu qui implique sans doute la reconversion de certains enseignants. De plus en plus, les métiers se croisent : la télévision, la téléphonie et internet sont en train de converger ; la part de l'électronique dans l'automobile est considérable. Il est donc nécessaire d'engager des actions sur ce terrain, en concertation avec les collectivités territoriales. Les choses seront sans doute plus claires si, tel que se dessine l'acte III de la décentralisation, le service public de l'orientation bascule du côté des régions, ce qui signifierait que l'éducation nationale n'aurait plus la gestion des CIO. Il n'y a cependant pas de raison que les conseillers d'orientation-psychologues ne restent pas au sein de l'éducation nationale. Pour autant, celle-ci ne devra pas se sentir déchargée. Elle a en main des cartes pour adapter l'offre de formation et il faut qu'elle les joue.
Beaucoup d'intervenants ont fait des remarques pertinentes sur la nécessité de laisser le temps du choix. Si certains jeunes forgent très vite leur projet, ils sont quand même nombreux à être indécis. L'idéal serait un système à la carte. Pour nous, la ligne directrice, c'est que tant que le socle de connaissances et de compétences n'est pas acquis, il n'y a pas d'orientation possible et l'éducation nationale n'a pas rempli sa mission. Cela renvoie au traitement de la difficulté scolaire précédemment abordé, ainsi qu'à la question essentielle de l'allocation des moyens qu'il faut pouvoir différencier. D'où la préconisation de partir des besoins des élèves, sans que cela entraîne pour autant le doublement du budget de l'éducation nationale. Les personnels pédagogiques, les chefs d'établissement que nous avons interrogés sont conscients des contraintes financières dans lesquelles nous nous trouvons. Ils disent simplement que s'ils avaient des postes à profil, s'ils pouvaient mieux moduler l'organisation du temps scolaire et s'il y avait une moindre pression sur l'exécution du programme, les performances seraient bien meilleures. D'où le renvoi à l'évaluation collective de la performance des collèges.
Nous sommes en train d'élaborer une note de faisabilité sur l'évaluation des internats d'excellence. Le travail est assez avancé et il en ressort qu'on a mobilisé des moyens relativement importants en matière d'investissement, mais que le fonctionnement n'a pas suivi. Pour parler franchement, dans de nombreux cas, il ne tient que par des rustines. Pour faire vivre ces internats, qui semblent devoir devenir « de réussite éducative », il faut sans doute s'occuper de la question de l'allocation des moyens de fonctionnement, qui relève de la même logique que l'allocation des moyens scolaires. En la matière, cessons de raisonner de manière quantitative, car un professeur n'est pas équivalent à un autre professeur. Mais c'est là un autre sujet.
Si le gouvernement n'avait pas décidé de supprimer les DIMA, il aurait fallu les évaluer du point de vue de leur capacité d'intégration, dont nous n'étions pas convaincus.
Enfin, le redoublement n'est pas une solution retenue par nos partenaires mais ce n'est pas pour autant que la difficulté scolaire n'est pas traitée.
J'ai conscience de n'avoir pas répondu à toutes les interventions, mais leur richesse nous incite à travailler encore pour remplir le rôle d'assistance de la Cour au Parlement et vous fournir tous les éclairages qui paraissent utiles à votre fonction de contrôle et de vote de la loi.