Intervention de Luc Vigneron

Réunion du 5 décembre 2012 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Luc Vigneron, PDG du groupe Thales :

Les choix opérés concernant l'Atlantique 2 relèvent plus du ministère de la Défense que de l'équipementier que nous sommes. Le développement de certains matériels a un coût important, et nous devons continuer à en assurer l'exploitation, ne serait-ce que parce que nous y sommes engagés contractuellement. Nous venons d'ailleurs de proposer sur l'Atlantique 2 une nouvelle technologie de radar (dit à « antenne active »), qui a vocation à équiper plus tard des drones. De ce point de vue, l'Atlantique 2 a ainsi un rôle de porteur pour le développement de nouveaux équipements multiplateformes.

S'agissant de la concurrence entre les différentes entités du groupe Thales, il y a naturellement des limites à ce que peut faire le patron d'un groupe international, notamment dans le domaine de la défense. En effet, les gouvernements sont les décideurs en dernier ressort, et il peut arriver qu'ils ne souhaitent pas, pour des raisons de souveraineté, que des mesures de rationalisation soient entreprises entre deux entités d'un même groupe présentes dans deux pays différents. Tel a été le cas par exemple en matière de sonars pour sous-marins : Thales France et Thales Royaume-Uni ont dû développer chacun leur propre système pour les sous-marins nucléaires de chaque pays, les gouvernements estimant que ces technologies ne pouvaient pas être partagées. Dans ces conditions, il serait choquant aux yeux des gouvernements que la direction générale du groupe aille trop loin dans le pilotage de ses filiales sur ces sujets de souveraineté.

La concentration des industriels, monsieur Rousset, n'est pas nécessairement pertinente dans tous les secteurs. Le business model des plateformistes n'est pas celui équipementiers. Quant à un éventuel rapprochement entre Thales et Safran, nous produisons des équipements trop différents, mis à part le domaine de l'optronique, pour qu'un rapprochement permette de dégager des synergies significatives. Pour l'optronique, le rapprochement est déjà fait, au sein de la société commune dont je vous ai parlé tout à l'heure. Notez d'ailleurs que notre coopération ne peut porter que sur les équipements que nous développerons ultérieurement : en effet, pour les équipements que nous fabriquons aujourd'hui, nous sommes chacun engagés auprès de nos clients à les suivre – c'est-à-dire, notamment, à les mettre régulièrement à jour – pendant les dix ou quinze ans qui viennent.

En outre, il me semble important de veiller à ne rien entreprendre qui soit susceptible d'aller contre les intentions de nos clients. Si les grands plateformistes sont hostiles à un rapprochement qui déboucherait sur la constitution d'un acteur nouveau, il peut être prudent de s'en abstenir.

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