Intervention de Sophie Dessus

Réunion du 16 septembre 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dessus :

Ce n'est pas un hasard si des terroristes, comme ceux de Daech, détruisent des cités antiques comme Palmyre ou le musée de Mossoul et s'acharnent sur le patrimoine afin d'effacer toute trace de civilisation, et cela, avec le même acharnement méthodique dont ils font preuve pour assassiner femmes et enfants.

Ils le font parce qu'ils savent qu'en détruisant les racines de la culture, ils anéantissent l'âme des hommes et ruinent leurs espérances. Ils le font parce qu'ils savent que la culture ouvre vers d'autres horizons mentaux. Ils le font parce qu'ils savent que sans mémoire, il n'y a plus d'histoire, et que, sans histoire, il n'y a plus d'avenir. Détruire le patrimoine leur permet d'annihiler la création.

La force de ce projet de loi est justement de regrouper dans un même texte patrimoine et création afin de les rendre indissociables aux yeux de tous les citoyens.

S'agissant de la protection du patrimoine, il est nécessaire que le texte à la fois protège ce patrimoine et en fasse la promotion tout en simplifiant les règles d'urbanisme. Il en va ainsi du nouveau classement « cités historiques », dont la notion pourrait être renforcée pour inclure les dimensions paysagères et environnementales. Il faut également sans doute maintenir une implication forte de l'État pour garantir l'avenir du patrimoine. Je tiens également à souligner l'intégration d'un volet patrimonial dans les plans locaux d'urbanisme, la création d'un label spécifique pour le patrimoine architectural du XXème siècle, patrimoine particulièrement fragile face aux normes environnementales, ainsi que la reconnaissance législative du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Une dérogation aux règles d'urbanisme est prévue pour favoriser la création architecturale. Cela sera-t-il suffisant si demain nous arrive au détour d'un chemin un nouveau Ferdinand Cheval, plus connu sous le nom de Facteur Cheval ? Ma naïveté est aussi grande que le fut son art : l'époque n'est sans doute plus à la construction de monuments uniques au monde, nés de l'obstination d'un homme. Nous sommes dans un monde plus standardisé dans lequel l'économie prend bien souvent le pas sur la création.

Enfin, ce texte ne peut pas passer sous silence le patrimoine culturel immatériel, à commencer par notre langue, matrice de notre culture et véhicule de notre mémoire, mais aussi les métiers d'art, leur savoir-faire et leur transmission.

L'objectif du texte est de favoriser une création qui doit devenir le patrimoine de demain pour que l'image de la France demeure celle de l'excellence et celle d'un pays dans lequel nos valeurs et les droits de l'homme ne font qu'un grâce à la liberté de création.

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