Je n'aborderai pas non plus l'ensemble des questions qui ont été soulevées, car nombre d'entre elles trouveront des réponses au fil de l'examen des amendements, que nous aborderons dans quelques instants. Ainsi, la plupart des orateurs qui ont mentionné des pistes d'évolution ou des amendements qu'ils souhaitaient voir adoptés, trouveront, à mon avis, satisfaction dans la discussion qui va s'ouvrir.
Je trouve moi aussi un certain nombre de choses paradoxales et étonnantes. J'entends les critiques, constructives, selon lesquelles ce projet de loi pécherait par manque d'ambition, mais je m'étonne qu'elles s'accompagnent d'un refus quasi systématique de toutes les propositions d'avancées que comporte ce projet de loi. La liberté de création ? On n'en a pas besoin ! Les cités historiques ? Cela ne sert à rien ! Le médiateur de la musique ? C'est dangereux. Et les conservatoires n'ont qu'à rester tels qu'ils sont aujourd'hui. Curieuse posture ! Ce n'est en tout cas pas de cette manière que j'aborde la discussion.
Autre paradoxe, la dénonciation de ce manque d'ambition ne s'accompagne pas souvent de préconisations, de propositions qui permettent de comprendre ce qui serait l'ambition d'une politique culturelle du XXIe siècle selon Les Républicains. J'aimerais le savoir, mais, pour l'instant, ce que j'entends, c'est ce que fait, par exemple, M. Darmanin au Conseil départemental du Nord. Ce que j'entends surtout, c'est la volonté des Républicains de baisser les dépenses publiques de 150 milliards d'euros.
Ce gouvernement, pour sa part, est extrêmement responsable dans sa gestion des finances publiques, puisqu'il va permettre à l'État de faire, au cours des trois prochaines années, 50 milliards d'euros d'économies, tout en trouvant le moyen de faire de la culture sa priorité et d'augmenter le budget du ministère de la culture en 2016. Les dotations des collectivités locales, effectivement, participeront au redressement des finances publiques, mais elles représentent, pour les trois prochaines années, moins de 3 % des recettes des collectivités territoriales. Ne me dites donc pas que les choix faits ne sont pas politiques. Je rencontre sur le terrain énormément d'élus avec lesquels je signe des pactes culturels, et je vais réfléchir à un outil qui permette de le faire avec des départements et des régions. Que me disent ces élus ? « C'est vrai, c'est difficile, il faut que je réduise mes dépenses, mais, moi, je ne sacrifie pas la culture ! » Si des élus proches de l'opposition font, eux, le choix de sacrifier la culture, c'est un choix politique qui leur appartient, ce n'est pas le choix de ce gouvernement. Pour notre part, malgré les efforts que nous faisons pour réduire les déficits publics qui nous ont été laissés en 2012, qui représentaient pratiquement 6 % du produit intérieur brut français, nous faisons le choix de la culture. Ce projet de loi est également la traduction de cet engagement pour la culture.
J'entends, également, que rien n'est fait, que c'est la catastrophe, que tout part à vau-l'eau. M. le rapporteur vient de rappeler le contexte dans lequel nous engageons l'examen de ce projet de loi. Effectivement, les conditions de négociation du régime d'indemnisation chômage des professionnels du spectacle sont sécurisées, une centaine de pactes culturels ont été signés, précisément avec les collectivités qui souhaitent s'engager pour la culture, et nous avons engagé des assises pour la jeune création qui permettent de repenser, aujourd'hui, le soutien à la jeune création dans notre pays, notamment en prenant en compte toutes les esthétiques émergentes, qui, jusqu'à présent, n'étaient pas considérées. Nous avons également engagé une réflexion sur l'architecture, parent pauvre de la culture pendant de très nombreuses années. L'architecture a donné lieu à de nombreux rapports, dont d'excellents, rédigés par le président Bloche, mais toutes ces recommandations n'avaient finalement jamais été prises en compte par le Gouvernement. Eh bien, nous, nous le faisons, nous commençons à le faire ! Tout n'est pas législatif, évidemment, et j'ai entendu les appels à régler un certain nombre de questions. Cela peut être fait par voie réglementaire ou autrement, mais, pour notre part, nous nous saisissons de l'ensemble de ces sujets.
J'entends dire que les crédits alloués à la démocratisation culturelle seraient insuffisants. Or je vous ai déjà fait part de notre ambition d'augmenter ce budget. Je souhaiterais que vous me citiez les actions majeures que vous avez menées, entre 2007 et 2012, pour évaluer l'impact de nos politiques culturelles sur la démocratisation, c'est-à-dire sur l'accès du plus grand nombre aux institutions et aux pratiques culturelles, pour préparer la politique culturelle ainsi que nos industries culturelles à la mondialisation et à la mutation numérique et pour faire contribuer les GAFA au financement de l'exception culturelle.