Intervention de Luc Vigneron

Réunion du 5 décembre 2012 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Luc Vigneron, PDG du groupe Thales :

Le nEUROn est un superbe succès.

S'agissant des relations entre Safran et Thales, il est possible d'entreprendre des choses en commun sans pour autant être dans le même groupe ou la même société. Je signale qu'avec Eurocopter, nous travaillons au développement du futur hélicoptère X4HC4 et avons réinventé, dans le cadre du plan d'investissement de l'avenir, l'avionique de cockpit. S'agissant du schéma de rapprochement évoqué entre Thales et Safran, il faut avant tout s'assurer que les clients n'y voient pas ombrage, ce qui, d'après mes informations, est loin d'être évident. Alors que la fusion des sociétés pose beaucoup de problèmes, il faut plutôt s'intéresser à la performance de chaque « business » et les faire travailler ensemble par la suite, c'est d'ailleurs la philosophie des pôles de compétitivité.

S'agissant des relations avec les PME, Thales a un besoin vital de celles-ci et réciproquement. Il s'agit d'une véritable relation symbiotique. Thales est très en pointe en matière de relations avec les PME. Thales a été classé par le magazine Challenge à la huitième place des entreprises les plus performantes en termes de bonne pratique (et à la première place dans le secteur). Thales a été au premier rang des fondateurs du pacte PME. Parmi les sous-traitants et fournisseurs de Thales, 500 PME sont associées à la recherche et développement. Notre nouveau casque viseur pour pilote est ainsi 10 % moins lourd que l'ancien grâce à l'invention d'une PME dont nous dépendons. Nous sommes bien conscients que les PME sont fragiles. C'est pourquoi nous nous imposons une règle, à savoir de veiller à ce qu'une PME ne réalise pas plus de 25 % de son chiffre d'affaires avec Thales afin de ne pas la rendre trop dépendante de nos commandes ; je suis avec une attention particulière les délais de paiement des PME. Par ailleurs, nous parrainons des entreprises dans une démarche citoyenne en mettant des cadres à leur disposition pour leur donner des conseils et les aider pour les exportations. Nous organisons également de nombreuses réunions avec des PME innovantes ; c'est dire la grande importance que Thales attache aux PME.

Nous sommes très heureux que l'armée française ait décidé d'essayer le drone Watchkeeper. Nous avons désormais un contrat pour réaliser l'expérimentation en France du Watchkeeper britannique. Je suis très optimiste vis-à-vis de l'issue de cette expérimentation au regard de la qualité des images fournies par les drones tactiques en Afghanistan. C'est un outil formidable de protection des vies humaines. Nous partons d'une plateforme de drone israélienne transformée aux trois-quarts dans son contenu par le programme Watchkeeper britannique. Le degré d'évolution du contenu dans le cadre d'une francisation reste à définir par la DGA et par les opérationnels.

S'agissant de la crainte de voir apparaître des concurrents dans le cadre des transferts de technologies, il faut souligner que l'État les contrôle déjà par son droit de veto. Par ailleurs, les technologies qui seront utilisées dans dix ans pointent aujourd'hui dans nos laboratoires de recherche et développement, qui travaillent déjà sur les générations suivantes, si bien que nous conservons toujours un temps d'avance sur les marchés internationaux.

La cybersécurité, qui s'inscrit dans la problématique étatique de la sécurité nationale, doit recueillir une attention particulière dans le Livre blanc. Ceux qui disent que nous sommes dangereusement exposés ont raison. Il faut savoir que les États-Unis font un effort colossal dans ce domaine et que les Britanniques ont également augmenté les budgets relatifs à la cybersécurité, malgré la décroissance globale de leur budget défense.

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