Je félicite à mon tour nos deux rapporteurs.
Contre toute attente, je suis pour ma part très favorable à ce tunnel. En effet, l'Italie est en train de se désenclaver à grande vitesse, en particulier vis-à-vis des pays d'Europe centrale, où arriveront bientôt des trains chinois. L'Autriche est très claire à ce sujet. Des tunnels sont percés partout : vers l'Allemagne, vers la Hongrie en passant par Vienne. Dans ce contexte, il serait inimaginable que les Alpes demeurent une barrière immuable entre la France et l'Italie. En somme, ce tunnel possède une portée géopolitique considérable et de très long terme. Il appartient à une nouvelle génération de tunnels, de basse altitude donc de grande capacité, des tunnels de base susceptibles de désenclaver très rapidement des vallées entières, comme l'a montré en Suisse l'exemple du Lötschberg. Il ne faut donc pas relâcher l'effort.
Dans ce contexte, vos propositions sont décisives. Vous avez compris que de telles infrastructures ne peuvent être financées exclusivement ni par la puissance publique, ni par le privé, dont la quête de retours rapides sur investissement est toujours spoliatrice. On l'a vu à Panama et ailleurs.
S'agissant de l'acceptabilité, avez-vous sondé les collectivités locales et les acteurs de Rhône-Alpes à propos de l'hypothèse d'une hausse du prix des autoroutes, sachant qu'une compensation est prévue ?
Avez-vous évalué le risque de report du trafic sur les routes nationales ou départementales ?
Je note enfin que l'on parle beaucoup du tunnel Lyon-Turin alors qu'il ne s'agit que d'un investissement accessoire par rapport aux investissements d'accès sans lesquels il ne servira à rien. Je songe en particulier à la rocade ferroviaire de Lyon, énorme bouchon qui compromet la possibilité de trafics massifs de fret ferroviaire.