Intervention de Jean-Louis Gagnaire

Réunion du 16 septembre 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Gagnaire :

À propos de ce projet comme de bien d'autres, on ne peut pas pratiquer le stop and go à chaque génération politique, voire à chaque échéance électorale. Combien coûterait aux contribuables – de l'État comme des différentes collectivités territoriales – l'abandon d'un tel projet ? On y a déjà investi beaucoup, et ce, à l'origine, dans une quasi-unanimité. Je renvoie certains de mes collègues rhônalpins, élus de l'Isère, aux positions prises il y a dix ans par les élus de leur parti en faveur du projet Lyon-Turin. On ne peut pas à la fois admirer les Suisses qui font monter des camions sur les trains et s'opposer à des infrastructures permettant de faire transiter le fret !

Au départ, il y a un malentendu : on a parlé de « TGV Lyon-Turin », ce qui a faussé le débat. Ce dont il s'agit ici, c'est de se relier à l'Europe par-delà une frontière naturelle. Celle-ci est bien réelle, il suffit de fréquenter les autoroutes de la Maurienne pour le constater. Dès lors, le trafic ne risque guère de se reporter sur les routes départementales ou nationales quand l'autoroute elle-même est déjà difficilement praticable par endroits : on imagine mal les camions circuler sur les petites routes de la Maurienne comme autrefois.

Il s'agit aussi de desservir l'agglomération de Lyon, ce qui suppose de financer un autre projet : le contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnaise (CFAL). Tous les problèmes actuels de gestion du trafic ferroviaire résultent de la saturation de ce noeud ferroviaire et il faudra bien braver les oppositions – souvent les mêmes que dans le cas du Lyon-Turin – pour créer cette voie de contournement, sans quoi les trains ne passeront plus. Les temps de trajet de certains TER actuels sont dégradés par rapport à ceux qui avaient cours à la Libération ! La France doit apprendre à investir à bon escient et cesser de différer les décisions.

Dans les Pyrénées, on parle depuis les années 1990 de la liaison française avec la ligne à grande vitesse espagnole. À l'origine, nous étions très goguenards vis-à-vis des Espagnols, mais ceux-ci ont terminé leurs travaux et le tunnel sous le Perthus est creusé alors que nous en sommes encore à construire le contournement de Montpellier.

Nous devons donc faire preuve de persévérance : de tels projets nous engagent tous et, en la matière, les décisions prises doivent être irréversibles.

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