Des informations sur la trésorerie, nous en avons. Pour les petites villes, elle se décompose de la manière suivante : pour les villes de 3 000 à 5 000 habitants, elle se monte à 96 jours de dépenses en moyenne, et pour les villes de 10 000 à 20 000 habitants – la strate la plus importante de notre échantillon –, elle s'élève à 45 jours. Chose rassurante, le niveau de trésorerie n'est pas corrélé au niveau de dettes. Il peut effectivement être très important dans les petites communes, mais c'est aussi pour elles un système de précaution qui ne me semble pas totalement déraisonnable.
Le plus intéressant serait de disposer d'informations sur la trésorerie en cours d'année ; or nous n'avons des données que pour la fin d'année, période à laquelle les collectivités souscrivent des emprunts. L'Observatoire des finances locales avait, il y a longtemps, abordé ce problème.
La substitution des tarifs à l'impôt, monsieur de Courson, rejoint la question de la nouvelle place donnée au citoyen. J'y vois pour ma part un élément plutôt positif. La communication financière des collectivités locales n'a jamais été très « tendance », reconnaissons-le : depuis des années, on souffre d'un défaut d'information sur le service rendu. La plupart des gens continuent à penser que le prix du ticket de tramway correspond au prix du service rendu. Il en va de même, je pense, pour les tarifs des cantines, même si la plupart des parents ont compris qu'il y avait une modulation en fonction des revenus ; mais ils s'imaginent que, bon an mal an, cela s'équilibre.
La Banque Postale vient de signer une convention avec l'Observatoire national de l'action sociale pour promouvoir le développement des journées citoyennes dans les collectivités locales. L'initiative de telles journées est partie du village de Berrwiller, en Alsace, dont le maire a été rejoint par une bonne partie des communes de l'agglomération de Mulhouse, puis par de multiples communes à travers la France. Aujourd'hui, elles sont près de cent cinquante à organiser chaque année une journée citoyenne au cours de laquelle les habitants participent à divers travaux. Il s'agit de communes de taille plutôt restreinte, mais on pourrait imaginer de transposer ce dispositif à l'échelle de quartiers dans les villes plus importantes. À Berwiller, 400 habitants sur un total de 1 100 se mobilisent et décident désormais d'eux-mêmes les travaux à effectuer. Ce genre d'initiative permet de remettre la question du service public et de son financement au coeur de la politique locale.
L'avenir des finances locales dépend aussi de la capacité à partager des pratiques positives : si elles ne sont jamais adaptables à tous, elles sont néanmoins duplicables.
Cette accélération de la chute des investissements que vous annoncez, monsieur de Courson, ne se laisse pas percevoir en 2015. Après une baisse de 5 milliards en 2014, il y aurait une diminution de 3,9 milliards en 2015. Notre estimation est fondée sur plusieurs sources différentes : budgets primitifs pour les plus grosses collectivités, informations issues de nos réseaux et des fédérations professionnelles. Dans nos modèles, nous créons des comptes équilibrés, prenant en compte les volumes d'emprunt mobilisés. Je reste toutefois très prudent sur les estimations pour 2015, sur lesquelles nous devrons revenir.