Ce qui me frappe, dans vos propos, et notamment dans celui du président de la FNTP, c'est le contraste entre la noirceur du tableau que vous nous dépeignez, et ce que vous demandez pour essayer de l'éclaircir un peu. Selon vous, tout va mal, vous allez à la catastrophe, mais tout ce qu'il vous faudrait pour l'éviter, c'est un étalement de trois à cinq ans, et des précisions sur le milliard d'euros débloqués. Soit la situation est très grave, et ce n'est pas en deux ans de plus qu'elle pourra se redresser ; soit elle est moins grave que vous ne le dites, et ces remèdes pourraient peut-être avoir de l'effet.
Le but de notre commission d'enquête n'est pas de douter de l'effet négatif de la baisse des dotations sur votre activité, mais d'essayer d'en évaluer exactement le niveau. Pour cela, je voudrais reprendre les chiffres fournis par monsieur Piquet, qui nous a indiqué que le chiffre d'affaires des entreprises du bâtiment, toutes tailles confondues, était de 124 milliards d'euros. La part de la commande publique y est de 20 %, soit de 24 milliards. Vous imaginez que la baisse des dotations y serait pour la moitié. Cela représente donc 12 milliards, soit dix ou douze fois plus que la baisse des dotations pour l'année 2015. Si l'on fait le même raisonnement pour les entreprises de travaux publics, on s'aperçoit que, en fait, la baisse de leur activité est dix, quinze ou vingt fois supérieure à la baisse des dotations.
Cette commission d'enquête tente d'appréhender l'effectivité des baisses de dotations sur votre activité, en dehors de la crise générale et de la baisse générale de votre activité. Si je ne me suis pas trompé dans mon raisonnement, il y a quelque chose qui ne va pas et qui corrobore le fait que le tableau décrit est très noir, en tout cas par rapport à l'objet de la commission d'enquête.