Intervention de Nadia Bellaoui

Réunion du 15 septembre 2015 à 18h00
Commission d'enquête visant à évaluer les conséquences sur l'investissement public et les services publics de proximité de la baisse des dotations de l'État aux communes et aux epci

Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement associatif :

Pour compléter nos interventions, je souhaite évoquer nos préconisations aux élus concernés. En premier lieu, nous leur recommandons de ne pas céder à la facilité qui consiste à cesser de financer une association. Nous les encourageons à créer les conditions permettant de mesurer finement l'impact social et civique d'un désengagement de la collectivité, même quand de petits montants sont en jeu. En effet, le financement des associations permet à la collectivité d'économiser certains coûts.

En ces temps de restrictions budgétaires, nous leur recommandons aussi d'avoir une politique de subventionnement encore plus claire. Il s'agit d'anticiper et d'annoncer les décisions en amont, afin que les responsables associatifs puissent s'organiser.

Il faut aussi favoriser la coopération et la mutualisation entre les associations, ce qui n'est pas toujours évident pour les élus. Je me risquerais à dire qu'il faut aussi développer le bénévolat. Il ne s'agit pas de le faire dans le cadre d'un désengagement assumé de la collectivité, en considérant que les bénévoles doivent remplacer les salariés. La professionnalisation du monde associatif est une belle histoire, l'un des fleurons de l'économie à la française. Si l'emploi résiste dans la période actuelle, il ne faut pas le déstabiliser. Mais les études fines montrent que le développement du bénévolat ne vient pas contrecarrer celui du salariat, à condition que la mobilisation des bénévoles soit intégrée dans une nouvelle étape de la professionnalisation du milieu. Les Français peuvent apporter plus que leurs impôts.

La vie associative de ce pays s'est développée dans un climat de bonnes relations entre les collectivités territoriales et les responsables associatifs. Cette confiance permet de faire face aux contraintes actuelles, au lieu de les vivre comme le fait du prince ou comme une manière de plus pour les élus de nous mettre en concurrence les uns avec les autres. Frédérique Pfrunder a beaucoup insisté sur ce point.

Dans le cadre d'une commission d'enquête comme la vôtre, nous pouvons néanmoins ressentir un certain malaise à jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité : les informations qui nous remontent de nos antennes sur le terrain sont-elles exactes, étant donné que, par les temps qui courent, personne n'est enclin à déclarer qu'il a trop d'argent ? Pendant des années, nous avons été les seuls à faire état de la transformation profonde des financements publics aux associations, du passage des subventions aux commandes publiques. Par la suite, les données macroéconomiques du laboratoire de Viviane Tchernonog – les seules dont nous disposions – ont donné raison à ces antennes de terrain. Il existe actuellement une très forte déstabilisation du monde associatif et une grande inquiétude sur la manière dont, à l'avenir, sera financé l'intérêt général.

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